
Il faut que les plans soient bons si l’on veut lancer des ponts.

Il faut tenir ensemble, pour partager la liberté, la matière qui tremble.

Alors EurOpe relève son flambeau, courageuse éclaireuse d’un ordre beau : porteuse encore de quelle aurore ?

Est-ce que l’Occident ne va pas s’oxydant ? Quelle lumière peut rafraîchir ses pesantes paupières prêtes à la ternir ?…
Que la chanson d’Udo Jürgens ensoleille toujours – ou n’ait jamais touché – nos oreilles, ses notes semblent devant nous trotter, comme une simple allumette à frotter :
Wer macht den ersten Schritt, Qui fait le premier pas,
wer sagt den ersten Satz? Qui dit la première phrase ?
Wer schafft dem Mitgefühl Qui fait à la compassion
seinen verdienten Platz? Sa digne place ?
Wer bricht das Schweigen, Qui brise le silence,
und wer fragt als erster:”Wann?” – Et qui demande en premier : “Quand ?” ? –
Wenn nicht wir – Wer dann? Si ce n’est pas nous – qui fera ?
Mein Traum ist deine Welt, Mon rêve est ton monde,
dein Ziel ist mein Beginn! Ton but est mon début !
Du bist mein ganzer Mut, Tu es tout mon courage
wenn ich dein Herzschlag bin! Quand je suis ton battement de cœur.
Wer zeigt der ganzen Welt, Qui montre au monde entier
dass man sich lieben kann? – Qu’on peut s’aimer ? –
Wenn nicht wir – Wer dann? Si ce n’est pas nous – qui fera ?
Nur einen Augenblick, En un seul clin d’œil,
vielleicht ein Lachen lang, Peut-être le temps d’un rire,
das wär’ ein Anfang Ce serait un commencement
und ein erster Schritt… Et un premier pas…
Wer wahrt die Chance für uns, Qui sauvegarde notre chance ?
wer hilft uns Brucken bau’n? Qui nous aide à bâtir des ponts ?
Wir nehmen uns’re Kraft ins Morgen mit! Nous emmenons notre force vers le lendemain.
Wer hält den Wahnsinn auf, Qui fait obstacle à la démence
der unser Glück vertreibt? Chassant notre bonheur ?
Wer hält den Willen wach, Qui maintient en éveil la volonté
der ihm die Krallen zeigt? Lui montrant les griffes ?
Wer führt die Reise fort, Qui poursuit le voyage
die einmal gut begann? – Pour une fois bien commencé ? –
Wenn nicht wir – Wer dann? Si ce n’est pas nous – qui fera ?
Wer sät das erste Korn, Qui sème la première graine
aus dem der Friede keimt? Où la paix germe ?
Wer hilft der Liebe auf, Qui remet sur pied l’amour
wenn sie zu straucheln scheint? Quand il semble trébucher ?
Und wer belegt den Hass Et qui soumet la haine
mit lebenslangem Bann? – A la proscription perpétuelle ? –
Wenn nicht wir – Wer dann? Si ce n’est pas nous – qui fera ?
Wer will Unmögliches, Qui veut l’impossible
auch wider dem Verstand? Même contre la raison ?
Wenn’s sein muss, ganz allein, S’il le faut, tout seul,
den Rücken an der Wand? Le dos contre le mur ?
Wer fängt denn immer wieder ganz von Qui commence donc en repartant toujours
vorne an – Wenn nicht wir – Wer dann? Du début ? – Si ce n’est pas nous, qui fera ?
De fait, le refrain de cette chanson, signée Thomas Christen et harmonisée, puis interprétée, par Udo Jürgens en 2002, a peut-être allumé la flamme d’un titre pour l’ouvrage de Philipp Ruch, dont Théâme va proposer un essai de présentation, sous le contrôle d’une amie germaniste Marie B.

Philipp RUCH : WENN NICHT WIR, WER DANN ? – EIN POLITISCHES MANIFEST
ZENTRUM FÜR POLITISCHE SCHÖNHEIT (Ludwig Verlag, München, 11/2015)
Si l’on ne s’y met pas, alors qui le fera ? – Un manifeste politique
Centre pour la Beauté Politique (Éditions Ludwig, Munich, novembre 2015)
Sous un motif chanté dans la décennie précédente, puis développé dans ces pages en toute rigueur politique, l’on entend certes résonner la sagesse des nations : “Wer will, der kann”, ou “Celui qui veut, celui-là peut” ; mais tout est parti voilà 2 500 ans d’un “platane” platonicien, moins athénien qu’humain et socratique, comme d’infinies cordes de musique (page 29). Ce manifeste rend… d’abord manifeste que l’acronyme allemand correspondant à l’Union Européenne, EU, est précisément l’homonyme de l’adverbe grec signifiant bien, relié à la notion générale de santé, mais aussi capable de nouer chaque citoyen au nous fraternel, auquel a dû malheureusement renoncer la traduction la plus courante pour la question servant ici d’intitulé.

Dès lors, la célèbre parole proférée par l’Idiot de Dostoïevski, “La beauté sauvera le monde”, semble sous-tendre l’ouvrage – et l’énergie – de Philipp Ruch ; ainsi, dans la mouvance de Platon, il peut affirmer : “L’âme a besoin de la beauté” (page 104). Or, assure son épilogue, “Il existe un chemin qui mène de nos âmes à notre politique.” C’est que “Nous avons besoin d’êtres humains qui puissent maintenant accomplir un acte de beauté politique”. Car “L’humanité n’est pas seulement là. Elle doit chaque jour être vue, tenue et défendue. Le caractère humain de l’Occident – territoire non garanti” ou terra inquieta…

Superbes paroles et photos encore. Dans le meme esprit,
filez voir le film documentaire : Demain… : des pistes déjà tracées pour aujourd’hui et l’avenir… et le bonheur d’habiter en harmonie la terre.
Merci, Chantal, pour tant de commentaires si créatifs. Le feuilleton “Si l’on ne s’y met pas” va bien entendu se poursuivre – et changer comme il l’espère les feuilles… en fruits. Ce sera d’autant plus facile en portant notre attention comme tu le recommandes – et en donnant suite – au film DEMAIN !