
Un chant hors-champ,
un chant sans frontières – si ce n’est l’espace universel avec ses battements fraternels, mais non sans lumière,
sans aucun terroir : pour mieux se revoir…

C’est intraduisible et presque indicible.
Alors les pleurs chassent la peur :
ceux qui saignent soudain règnent,
ouvrant le champ de la liberté pour qu’on apprenne à se concerter.

Le rythme et la mélodie dégagent enfin la vie
des cachots de l’absurdité, par la surdité habités.
La réSURRECTION est la force tendre où l’inSURRECTION peut tout nous apprendre :
l’accord du corps,
de l’âme et de l’intelligence, qui donne sa magnificence,
par un chant de nulle part ou de partout, pour que l’humanité se tienne debout…

Dans le miracle de l’harmonie polyglotte, les pensées, les ferveurs, avec joie vont et trottent : les trous noirs sont percés, les espoirs sont bercés, jusqu’à ce que d’autres merveilles hors du martyre les réveillent.

Sur l’abandon le plus stupide vient le pardon fort et limpide. Sur l’assassin le plus esclave naît un matin déliant l’entrave. Rien ne peut nous ôter le droit à la beauté : nous le savons, la haine ne coule pas dans nos veines. Un plain-chant de pleins champs nous tend ses larges paumes : construisons le royaume où dans le ciel un arc nous redresse, où s’offre à nous un parc de tendresse.

Du no man’s land au No Land’s Song, il n’y a qu’un pas, celui où s’avancent ensemble, vers la rencontre trop longtemps condamnée à l’impossible – cependant promise et, bien mieux, permise par la transparence du sens comme des sons -, la musique et le merci.
Wo man singt da lass dich nieder
böse Leute haben keine Lieder
De qui ? Ma mère ne payait pas de droits d’auteur, donc…
Sois remercié, l’ami, pour ce don d’un proverbe venu de plus haut que d’une poétesse en herbe !
Serais-tu d’accord avec cet essai de traduction :
Dans les coins où l’on chante, tu peux planter ta tente : les gens méchants n’ont point de chants ?