
Papier égyptien ou chinois, alphabet phénicien tout droit venu des voies qui se croisèrent entre les déserts et les ères : nos cahiers sont dédiés certes à l’enfance toujours en partance, de nos scolaires souvenirs aux promesses à retenir ; mais de leur mystère naissent des repères, puisque leurs plans sont pleins d’élan.

En cette Haute-Alsace où Manegold rédigea ses premiers cahiers, où Théâme écouta crisser l’essor des plumes, Kaïlcédrat Sall étudie la poésie en se rappelant ses années d’éveil.


« Embrassez-moi sans crainte… Et si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai ».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »
Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse… »
et il reste à l’homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence et de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête

Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
[…]
Ce n’est pas par la tête que les civilisations pourrissent. C’est d’abord par le cœur.
[…]
Non, jamais dans la balance de la connaissance, le poids de tous les musées du monde ne pèsera autant qu’une étincelle de sympathie humaine.
Aimé Césaire, Discours sur le Colonialisme, 1950.

Qu’en ce monde cruel ces mots restent actuels ! Donc, en ce jour anniversaire d’un appel lancé d’Angleterre, développons l’accueil comme travail de deuil, puisque la jeune martyre de l’Europe Jo Cox bien plus loin regarde et développe, telle EurOpe à travers la nuit qui les cache d’abord, les fruits de la construction participative, de l’humble résistance créative.

Puis, de plans pour la paix remplissons nos cahiers ; que tous les continents la mettent en chantier : dans la gravité de la confiance et dans la grâce de la conscience, montons vers elle en restant reliés, en prêtant l’oreille aux voix des merveilles.
Aimé Césaire… C’est bon de relire ou relier ses propos !
C’est tout à fait intéressant et encourageant. Bonne suite à Kaïlcédrat Sall, cher frère.