Les travaux d’Unterlinden à Colmar mettent en contact, donc en perspective, d’une manière provisoire et providentielle, des œuvres jaillies en cette ville à la fin du Moyen Âge. Dans la libre forêt de l’art et de la paix, l’on entend alors des essences entrer ensemble en résonance.
Non loin des cols et des vallons, aux pieds enneigés des Ballons,
avançons sous les arches de COLmar où l’on MARCHE
bien plus loin et plus haut que tous les marchés :
dans les chambres d’ambre de ce 9 décembre,
c’est comme si Noël venait vous chercher
pour qu’en profondeur se réconcilient les apparences les plus ennemies.
Pour la première fois sont réunis
deux retables vénérables
dans un lieu béni, comme rajeuni :
le silence des visiteurs élève
un choral de cristal
sous l’éclat matinal.
Schongauer, Grünewald, tressent la sève,
la naissance et l’essor du salut :
dans ce cœur battant d’Europe
où court toujours la varlope,
la distance et le temps se sont tus.
En cette fête de l’Immaculée Conception, leurs clartés dissimulées
par des murs
enfin se rencontrent : leurs accords se montrent
dans l’azur.
Ou plutôt ils modulent et chantent
à fleur de rinceaux, à coups de pinceau,
de la vie et de la mort l’entente,
pour peu que le tilleul laisse passer la voix qui transfigure l’arbre et les nœuds de la croix.
Sans parler se masse et passe,
entre les piliers altiers,
la foule au mont des Oliviers,
se laissant porter par la grâce.
Voici que la branche reconnaît ses rameaux :
il suffit d’écouter le souffle de leurs mots.
Nous pouvons ainsi dévaler des pentes ;
soudain venue d’ailleurs,
du bout du monde,
à force de MARcher
par un xylophone aérien
et colMARien qui crée des liens
sans jamais trébucher,
la boule blonde
nous rendra meilleurs.
La joie du bois nous guide et nous invente
parmi les thuyas
de l’alléluia,
rebondissant d’heure en heure :
« Jésus, que ma joie demeure« .