Entre moissons et festivités, belle fraîcheur des matins d’été ! Le secret se cristallise toujours au fond de la brise : par l’expression de nos voisins, il semble s’enrichir sans fin. Sa traduction germanique contient même la musique de l’intime abri où se tait le cri, du profond et parfait refuge contre la haine et ses déluges. Ainsi, Heim finit par appeler le royaume de nos homes entre eux reliés, voire articulés, grâce au Geheimnis, secret de partage qui sait organiser les équipages.
Pour son 200e billet, Théâme s’offre donc le plaisir d’offrir quelques lignes jaillies, un beau jour de printemps voilà déjà 7 ans, sur les berges du Parlement Européen, d’abord à son grand étonnement dans la langue allemande, puis librement transposées en français. Ses lecteurs ont déjà pu les croiser au hasard d’un précédent billet ; mais les voici à part entière, au-delà des anniversaires, la version allemande ayant été publiée et traduite en grec par la revue de Wurtzbourg Philia (en grec moderne comme ancien, l’amitié) dès 2006 par les détours dont précisément l’amitié a le secret, particulièrement grâce à Jacques-René Rabier, l’admirable artisan qui, depuis la première heure, œuvre à l’Europe.
Car EurOpe est un secret à divulguer sans doute, pour ensemble passer le gué, pour lancer des passerelles créatrices, fraternelles, pour changer l’incompréhension en une jeune communion, pour tisser la toile humaine de l’Union européenne. L’histoire n’a-t-elle pas métamorphosé cet étrange nom qui signifie Large Vue ? Regardons-le cahin-caha se réaliser en mues successives jusqu’à des avenues entre nos cœurs, entre nos mains, pour enfin construire demain ! Car nous voilà responsables de l’Orient, de l’Occident, du Levant comme du Couchant : à tous les deux redevables, nous ne devons de projets qu’à la délectable paix !
EUROPAS GEHEIMNIS / LE SECRET D’EUROPE, SECRET DE L’EUROPE
Für/Pour Evangelos KONSTANTINOU
Und für / Et pour Birgitta SIGFRIDSON
En reconnaissance à mon père, correcteur inspiré
/zur Anerkennung der väterlichen Verbesserung.
1. Als die von Phönizien ausgerissene Prinzessin zitternd in Kreta anlandete,
Wusste sie nicht, weder dass ein neues Königtum auf sie wartete,
Noch dass für uns EUROPA durch sie bereit war :
Ihre Brüder bahnten sich zu gleicher Zeit den Weg durch die See,
Ohne das Schwesterchen zu finden, nach dem künftigen Griechenland,
Das sofort langsam und geduldig, nicht mächtig, sondern prächtig, entstand.
Lorsque la princesse arrachée de Phénicie accosta tremblante en Crète,
Elle ne savait pas qu’un nouveau royaume l’attendait,
Ni que L’EUROPE nous était préparée par elle :
Ses deux frères avaient à ramper l’un et l’autre sur la surface marine,
Sans pouvoir trouver la petite sœur, vers la Grèce à venir,
Qui aussitôt jaillit avec lenteur, avec patience, en remplaçant la puissance par la splendeur.
2. Zwischen Raub und Raum,
Zwischen Klagen und Fragen,
Zwischen Klüften und Düften,
Klingt deshalb der gewöhnliche Name EUROPA
Erstens, wie ein erschreckender und erweckender Traum,
Zweitens, wie ein zwar heimlicher, aber auch ernährender Schaum.
Entre la capture et l’ouverture,
Entre les gémissements et le questionnement,
Entre les précipices et les odorantes délices,
La résonance du nom courant EUROPE
Ressemble d’abord à un songe effrayant qui vous réveille
Et ensuite à une écume certes secrète, mais aussi nourrissante.
3. Das Ufer stieg da auf
Und hier lag der Strand,
Wo die Jungfrau traurig sah,
Wie sie vom Unkennbaren umschlungen
Sass. Doch plötzlich flossen aus ihrer Hand
Soviel sichtbare und unendlich rauschende Schätze,
Dass endlich vor dem Göttlichen das Tierische verschwand,
Dass durch ihre Augen eine Folge dünner und leiser Linien erschien :
Dann zog eine von fern kommende Schar flüsternder und schimmernder Sätze dahin.
Le rivage surgit là
Et là se trouvait la plage
Où la jeune fille se vit tristement,
Dans les mailles serrées de l’inconnu,
Inerte. Mais brusquement s’échappèrent de sa main
Tant de trésors visibles et bruissants à l’infini
Qu’enfin le divin se dévêtit du monstrueux,
Qu’à travers ses yeux parut un cortège de lignes fines et douces :
Alors s’avança un immense peuple de phrases chuchotantes et scintillantes.
4. Denn der verlorenen EUROPA war gelungen, an einem doppelten Wunder teilzunehmen :
An der Schöpfung einer wachsenden tanzenden Welle
Aus der Wüste und einem Stier,
Aus dem Aleph und dem Schiff,
Aus dem Segel und dem Alpha,
Und am hellsten Morgenrot für das Abendland.
Car la fille perdue EUROPE eut le bonheur de prendre part à un double miracle :
A la création, à l’amplification,
D’une vague qui dansait, qui gagnait,
Née du désert et du Taureau,
De l’Aleph et du bateau,
De la voile et de l’Alpha,
Donc au lever de soleil le plus éblouissant pour le Couchant.
5. So mag längst zwischen dem verborgenen Weiblichen und dem unerklärten Sächlichen
Das Wort EUROPA auf das Knospen des Blutes und das Blühen eines Sprunges deuten :
Zwischen der entführten Fremden und dem emporragenden Festland
Muss aus dem gemeinen Namen das tätige Amen atmen !
Schon kann uns die Finsternis eines tief alten Geheimnisses
Ein breites, gastliches und gemütliches Heim erbauen.
Ainsi donc, entre l’impénétrable nom propre et le toponyme articulé,
Le terme EUROPE indique le bourgeonnement du sang comme la floraison du bond :
La rencontre entre l’étrangère qu’on enlève et le continent qui s’élève
Doit amener notre nom commun à devenir un actif oui collectif !
Déjà l’impénétrable obscurité d’un vieux secret vénérable
Peut fonder et sécréter un vaste chez-nous hospitalier, fait pour épanouir cœur et corps.
6. Weil in der stillen Stimme der EUROPA
Schritt und Schrift, Lauf und Überlieferung säuseln,
Deswegen schallt der Beruf des EUROPA wie ein Ruf :
Lasst uns EUROPA folgend empfangen und entdecken
Um füreinander zu streben und miteinander zu leben !
C’est parce que dans la voix silencieuse d’EUROPE
Murmurent des traces et des tracés, des courses au loin et des passages de témoin,
Que la vocation de L’EUROPE retentit comme un cri d’appel :
Sachons à la suite d’EUROPE accueillir et découvrir,
Pour offrir des inventions solidaires, pour remplir notre mission communautaire !
7. Durch EUROPAs Gestalt,
die trotz Drang, Zwang und Gewalt
über der fremden Flut singt
und die Hauptsachen uns bringt,
stosst das Europa aus dem alten Phönizien, aus dem lebendigen Libanon,
mit den köstlichen Buchstaben und dem kräftigen Schiffsrumpfe, ab.
Sous les traits mystérieux d’EUROPE
Qui, forcée, enlevée, galope,
De la lointaine Phénicie et du Liban libre
Nous sont pourtant venus la vie
Et l’élan, qui vibrent
A l’infini,
De l’écriture
– Cette aisée
Et légère
Amie –
Comme de la membrure
Ailée
Sur la mer.
8. Das Boot schafft
die Botschaft
und das Alphabet lenkt das Gebet ;
lasst uns pflegen mit einem heissen
Eifer, weil wir Europa heissen !
Le bateau
Crée les mots
Du message,
Et de l’alphabet
La prière naît
De rivage en page ;
Puisque nous nous appelons
L’EUROPE, affinons les dons
Qui soignent
Et joignent.
9. Welch’ eine freie Entstehung
kommt aus EUROPAs Entführung !
In Ihrem Rahmen fliesst unsere Quelle,
von Ihren Gaben bebt unsere Schwelle,
durch diesen Namen rauscht unsere Welle !
EUROPE ravie
Invite et relie ;
Notre source chante en son espace,
Des dons de son œil
Tremble notre seuil :
C’est par son nom que nos ondes passent.