L’échelle apparue en songe à Jacob (Gn 28, 11-19) orne une Bible catholique allemande du XVIIIe siècle, cliché Théâme.
Théâme a résolu ses points de maintenance : elle écoute à présent retentir, sous le souffle magique et large des vacances, des appels à servir, à guérir… Un songe qui ronge ? Ou bien une échelle de valeurs, par-dessus l’espace et le temps qui passe, pour surmonter les malheurs ? Des filles scintillent du désert à la mer : sans peur, leur vue de longue portée est mutuellement réconfortée. Zénobie de Palmyre perce la mort…
Car des femmes de pierre, comme Pierre et Paul vers un humble envol unies mieux que le lierre, d’ouest en est tendant l’oreille sur les deux bords d’une ère, sur l’aire du sud au nord, d’un seul cœur veillent.
Oui, « les paroles de l’Occident ont besoin des paroles de l’Orient pour que la Parole de Dieu manifeste toujours mieux ses insondables richesses », affirmait récemment, après Jean-Paul II et devant la ROACO (Réunion des Œuvres d’Aide aux Églises Orientales), le pape François. Précisément, un professeur franco-iranien avec profondeur et fougue retisse leurs liens : du « Désir vertical » à « L’amour qui ouvre les yeux ».
« Soleil levant » de la Saint-Jean, pour nous pousser dans l’aventure « vers le bleu » qui nous meut, tu nous azures, tu nous assures : le « sens de l’essentiel » par l’échelle la plus belle, sur le circonstanciel de nos pauvres querelles, de Manegold à Meyerhold lance ses passerelles.
Un doigt de proportion pour que l’échelle reste actuelle, un zeste de passion : du Levant au Couchant comme du Nord au Sud, Europe et l’Évangile – en paraphrasant Georges Bernanos – sont tellement plus jeunes que nous !
« Il faut s’habituer à vivre comme un arbre » : la comparaison de Prosper Mérimée, citée par Annie Ernaux à la fin de Mémoire de fille, porte-t-elle sur l’habitude ou sur la vie ? Ou bien faut-il aux deux l’élancement de l’arbre pour fondre par leurs fruits le poids glacial du marbre ? Mais parfois, dans le bois, une fenêtre en nous veut naître.
Couronnement de la Petite Vierge au grand coeur, retable du XVe siècle en tilleul, Lautenbach en Bade, cliché Théâme.
Ainsi les tilleuls ne restent pas seuls, multipliant les soins à leurs filleuls par-dessus la noirceur de l’histoire : « On ne peut étouffer la mémoire », dit encore le pape, à propos et en direction des Arméniens notamment.
Un nouveau pont sur le Rhin entre Kehl et Strasbourg, cliché Théâme.
On ne peut non plus laisser l’avenir dans le creux de la vague ou des soupirs. L’orage même jette des ponts comme autant de poèmes qui tournent sur leurs gonds.
Arc-en-ciel au seuil de l’été, cliché Théâme.
Et, tandis que l’échelle fraternelle étincelle, se dresse le ciel comme un firmament pour refonder ensemble… fermement. Suivons les voix enfantines de l’unisson, la descente cristalline des échelons vers la montée libre de l’amour qui vibre. Retournons en Elche : il faut quitter l’antiquité pour mieux habiter à l’actuelle échelle du mystère, au battement de ses ailes claires.