
Soudain, la ville s’est constellée de tremblantes ailes amarrées aux lampadaires, aux bancs, aux murs. L’Avent s’avança d’un pas plus sûr… en renversant la tête vers l’improbable fête.

La pluie a certes presque éteint les lettres, mais elles sont restées claires : naît un duvet d’annonce et de message, jusque rue du Sauvage ! Alors ressurgit la photo d’un Berlin libre des VoPo‘ déjà, comme si hors de sa lourde ankylose le ciné’ noir et blanc voulait le peindre en rose…

Der Himmel über Berlin – Les Ailes du désir.
Comme si Wim avait d’un seul coup fait tomber sur les cachots cachés bras et bétons plombés : “Le ciel au-dessus de Berlin” travaille la ville, voire l’histoire, qui tressaillent.

Les anges ne sont-ils pas là pour relever nos membres las et pour que s’incarne en nous la joie de la grâce, d’un même geste ouvrant le temps avec l’espace ?

Alors jusqu’à l’Orient qui contemple d’un cœur ample court un souffle souriant..

de J. M. G. Le Clézio : Le flot de la poésie continuera de couler – avec la collaboration de Dong Qiang, Editions Philippe Rey, 2020.
Dans l’entre-deux, même du Bélarus un ange sort afin que la terre en prière se change. En l’an neuf puissent donc les ailes du désir vers la solidaire liberté nous saisir !

Comme nous les désirons, ces ailes, pour nous envoler comme la colombe, ou comme le jars de Nils Holgersson, au-dessus du béton des villes, au-delà des murs qui confinent et au loin des miasmes de la pandémie ! Oui, il est juste et bon de mettre de ailes à la ville : elles évoquent pour un petit reste de croyants, pour les chemins muletiers, ce pennage du Très-Haut qui nous garde à l’ombre de ses ailes. Quant à ceux qui vivent de poésie, il les désirent, les ailes, à nos sourires qu’y attache cette “soupçonnée”… “L’intelligence avec l’ange” demeure donc en cet AN UN cerclé d'”oppresseurs sévères”, dirait René Char, “notre primordial souci”. Béni soit l’ange de Bélarus, béni soit tout ange qui lutte sous un mur de sécheresse pour maintenir ouvertes les portes du ciel, pour garder accessible l’échelle entre ce ciel des mages ou de l’étoile et notre terre des vivants !