
Les parlers sont perlés moins d’algorithmes que de bons rythmes pour faire danser et pour converser. Mais il leur faut toujours traverser la souffrance : le malentendu même attend la délivrance…

Les calmes rivières nous changent en anneaux d’émancipation, nous transformant en canaux.

Saint André ne se prive pas de relier les rives et les esprits : son élan vit jusqu’à ce que Simon son frère soit la ferme Pierre de l’Eglise, jusqu’à ce que le terme de la faim brille aux yeux d’auditeurs affamés, jusqu’à ce que la joie puisse même allumer les rivages de la Grèce, mais que son corps disparaisse.

Puissent les continents se parler maintenant… Que les mondes par le ciel présentiel se répondent : “Dieu, ne leur en [veuille] pas, prie Aline avant de mourir dans l’ouvrage de Karine Silla en humble pasionaria incarcérée sur sa terre d’Afrique, aie pitié pour ceux qui n’en ont aucune. Je préfère être victime que bourreau, voir pourrir ma chair plutôt que mon âme.”

Saurons-nous enfin nous entendre en écoutant l’ordre tendre de la liberté portant la beauté ? “Rien d’autre ne comptait, se disait Josef au début du Fil rompu de Céline Spierer, et il finit par conclure que la rédemption résidait peut-être là, justement. Dans le don, simple et gratuit.”

D’André l’apôtre à saint Nicolas, l’on jurerait donc qu’il n’y a qu’un pas… Car l’ancien évêque d’Asie Mineure – quand il neige sur la planète l’effroi, quand les enfants meurent sous le poids du froid – sur la terre veille, adore et demeure. Il relie en souriant l’Occident à l’Orient, pour que les mondes mieux se répondent et qu’ensemble l’accord les refonde.

Que se répondent nos chants, que se répondent nos baisers de feu en ce temps de baisers interdits et de chorales masquées. La chute de l’ange est-elle notre chute ? Alors que c’est Satan que nous voudrions voir avec le Christ des évangiles “tomber comme l’éclair”, le Satan de ce satané virus qui rend parfois si hasardeuse notre REPONSE à l’appel de nos frères. Ces frères humains qui près de nous vivent… ou meurent comme meurt Aline en Casamance… Que de fils qui rompent, que d’appels sans réponse… Nos saints de l’Avent seront-ils nos intercesseurs ? André qui protège l’Eglise d’Orient tandis que son frère Pierre protège celle de Rome, ou Nicolas qui veille sur Bari et sur la joie des écoliers… Une rivière paisiblement coule comme coulent parfois nos larmes, comme coule aussi le fleuve irriguant la Jérusalem céleste. Alors prions encore et qui pourra nous dire lâches ? Que le Seigneur nous inspire de justes réponses…