
La danse n’est-elle que folie ? Ou hisse-t-elle mieux que poulie ? Parfois, dans le mur de la nuit, s’entrouvre, gémit et frémit un huis : meurtrière sous l’obus ou verrière du salut ?

Dans la pierre extérieure palpite une intérieure chaleur, à partager sans ménager ses précieuses braises où la glaise s’apaise.

Coup d’arrêt au regret : sur la nostalgie s’approche la vie et sur les remords progresse l’essor.

Le présent est un cadeau d’équilibre, où sort du passé l’espérance, libre.

Remontons les rivières vers les sources premières : là le souvenir aide à rebondir.

Mais quel silence tout à coup regarde la mort d’un œil doux ? L’on pourrait croire que la guerre finit par tomber à genoux, demandant pardon à la terre, et qu’à Saint-Étienne le ciel se rouvre à l’accord essentiel dès que, sur l’immense foule qui prie, débordent les accents de Verdi pleins de miséricorde.

Les étendards sans un bruit se sont effacés, par le chauffage tout gonflés ils sont passés. Mais, comme dans les salles obscures parfois s’allume une flamme sûre, ainsi l’avenir se construit.

La main de la grâce conduit le cœur de l' »Homme (trop) pressé » de l’amnésie vers l’horizon qui réconcilie, vers la guérison où soudain les « médecins » cèdent leur place pathologique à la liberté des « pèlerins » sur les chemins durs et véridiques.

Ce qu’il faut retenir peut dès lors retentir… Car la mélodie reste, en harmonie capable de faire souffler le futur dans l’âme giflée par le deuil et la révolte : l’arbre de la paix récolte les élans fraternels sur ses pas éternels.

Qu’enfin le chant de l’espérance, sur le ton du pardon, surgisse comme une naissance, et que la mémoire ne veuille résonner que pour nous aider à semer et moissonner, en connivence comme en cadence : ferme sur le sol du souvenir, le présent danse vers l’avenir.
Nous avons des oreilles et un cœur pour l’entendre, cet agneau du Dieu qui donne la paix, cet agneau qui met en douce danse les deux solistes de VERDI la noire et celle d’or. Merci, Théâme, en ces temps où l’on fait mémoire d’une si terrible guerre, de faire danser la paix sur nos écrans et sur les lignes de si haute tension poétique qui relient Strasbourg et sa cathédrale, ou son parlement d’Europe à Mulhouse et ses rivières ou ses églises, toutes à faire tourner les moulins de nos prières et les pas de nos capucines. Pas d’avenir sans mémoire. Euterpe et Terpsichore le savent, qui sont filles de Mnémosyme. Alors l’arbre de la paix semble un pur jaillissement chorégraphique, et ni l’éléphant des mages ni l’antilope au quai surprise n’ont plus peur des chasseurs qui vont préférer le bal au carnage. Faut-il être pressé ? Les longs jours l’ont su. Lenteur de l’avenir, quand le souvenir semble perdu. Mais il aura saveur de caresse, ce temps retrouvé qui sera souvenir revenu. Une âme le pourra si d’autres âmes à elle s’encordent. Tel est le divin équilibre dont Théâme nous tend la cadence.