
Les palmiers se changent en lampes, Mais au bord de la mer ils campent.

Translucide, le béton Au merci donne le ton.
Comme un saint suaire Vibre l’estuaire.
Au son de la Médina, les couleurs Vont au rythme des visages marcheurs.
La Casbah fleurit d’une brise azurée Et la grâce ne reste pas emmurée.
Jamais à Rabat Le vent n’en rabat,
Mais en symphonie Diffuse la vie
Jusqu’au fin roulis du rossignol Invisible, des trains sous le sol :
Déjà les façades Semblent moins maussades.

La lampe s’éteint, Le silence est plein
D’une autre aurore Qui se colore.
Le matin Est latin :
Les plantes S’enchantent
De temps Le sang.

La peinture fraîche, Plus fort que le prêche,
Accueille au « Nid famililal » Par le mil au goût lilial.
L’araucaria ne se consume Pas, mais le miel blond nous parfume.
L’église est un atelier Pour prier et pour relier.
Il faut faire boire À tous leur mémoire,
Puis dialoguer, Ô gué, ô gué !
Sans ruines chemine « L’harmonie divine »[1] :
Seul le respect Scelle la paix.
L’onde se déroule
Autour des bateaux
Et la clarté coule
Pour porter nos mots
Sur la crête Vers la fête.
Rien ne peut voiler L’espace étoilé.
Après les îles et leurs rides Azurées, une terre aride
Nous sourit : Viens et vis !
Les villes serties D’ombres et d’orties,
Au lieu de se calciner, Montent nous illuminer.
Des turbulences Sur la Provence
Après le survol méditerranéen Nous permettent l’accès européen.
Nous rentrons dans l’automne Qui déborde, qui tonne,
Et dans des mois tout neufs,
Tels d’inconnus rivages
Déjà pleins comme un œuf
En vue d’autres visages.
Il ne faut pas vouloir en remontrer Si l’impératif est de rencontrer,
Au gré des arrivées et des partances, Des métissages qui sans cesse avancent.
Au hublot, Les cristaux
De glace fondent Afin qu’abonde
Le beau jour Du retour.
Novembre 2017.

[1] Dans la bouche d’une responsable franciscaine, autre nom de la Providence comme ouvrière de rencontres.