
PÉLÉAL 19-30 septembre 2017
In Memoriam Marie-Élisabeth HIEBEL-HUEBER,
qui fut il y a trente ans une heureuse voyageuse-découvreuse du Maroc.
Nos vies sont en l’air,
Mais la vue décolle Sur les métropoles
Et sur les déserts.
L’Afrique s’approche, Angélus sans cloche,
Et, même quand on croit la tenir en main, Elle transfigure le soir en matin.

L’océan nous transforme en phares Que ne ternira nulle tare.
Nous avons vu Bien mieux pieds nus !
Sobres vendanges, Visages d’anges
Avec De secs
Itinéraires Qui jamais n’errent…
Sur les oliviers dansent les couvreurs Et le ciel clair efface les erreurs.
Route matinale Et méridionale :
Quand les ânons Jouent au ballon
Gaiement avec les meules, Elles semblent moins seules.
Jusqu’à la clarté De la Trinité,
L‘âcre poussière Nous pousse, fière.
Il suffit de prier Après avoir trié
Pour que même vous sourient Les figuiers de Berbérie !
Jamais le sommeil N’éteint le soleil :
Les troupeaux moutonnent, Les arbres bourdonnent.

Arômes de la fraîcheur, Haleines de la chaleur,
Mais les gens sont maigres, Et la misère aigre.
Chameaux premiers Sous les palmiers
Et les blondes nattes Tressées par les dattes…
La nuit Reluit
Des étoiles Qui dévoilent.
Les gens sont maigres ; mais, puisque nos vies sont en l’air, l’âme de la voyageuse, elle, ne l’est pas, qui a le nez pareil en l’air et la tête vite au ciel. Elle passe de l’ânon à la figue, comme si elle avait feuilleté sa bible, et c’est assez pour se souvenir de celle qui la précéda. Ô piété filiale de Martine. Sommes-nous, pèlerins de Peleal, des aviateurs ou des petits princes? Une rose mariale en silence répondra, et le désert juste un peu plusloin.