2. « BRASSILIA ».
Sauf de clarté,
maisons vides, murs avides
d’être habités :
à la haute brise s’ouvrent les églises,
guidant les airs et les déserts.
La boulange
du matin
et l’ange
du pain
mûrissent des perles d’aube à Chantemerle.
De leur santé,
les roses arrosent
les pieds plantés.
Tours et serres jamais n’errent :
les moitiés font l’entier.
Sous les frises,
chevaux et roseaux
s’irisent.
Brouillard doux du Ventoux :
soudain, la Bonne Mère bénit l’étang de Berre.
Les photos
écoutent
sous les voûtes
l’écho :
quelles vacances au vent de France… (Ces notes ont été prises en chemin le 8 octobre 2013.)
… Et d’ailleurs !
De MASSALIA les BRASSages nous rendent-ils plus sages
ou meilleurs ?
Méditerranée, cette mer aînée, est-elle à l’impuissance condamnée ?
Doit-elle sans réagir voir dans ses vagues mourir
les enfants des terres proches qu’on atterre,
qui viennent se noyer au pied de ses foyers ?
Rappelons-nous Europe enfouie en nos mémoires :
déchirée entre peur, constellations et flots,
elle jeta l’ancre dans l’encre de l’histoire
et fit de nous ses fils, voire ses matelots,
pour que nous nous lancions dans la grande aventure de l’écriture sûre et de l’âpre culture.
Réunis par un seul matin sont les destins du nord marécageux et des rocs levantins.
Profondes sont les racines de la bienvenue divine
dans ce sol de soleil et de fidèle éveil.
Ses rives, ses sources, sont devenues les veines d’une miséricorde humaine et souveraine.
Contrairement à BRASILIA,
l’on vit surgir ici lentement une ville se délivrant du vil, créant des lois civiles :
après Massalia MASSILIA…
Mettons-nous à l’école de telles métropoles :
leur rôle maternel
réconforte les plus tristes et rend l’espoir réaliste
par un geste éternel.
Marseille, beaucoup plus merveille que musée, fais jouer tes nouveautés pour que soit diffusée
la lumière d’un appel impalpable et fraternel
à conduire
contre la mort,
à construire
en vue du port :
car ce qui te pare le mieux est le phare.
Pour tant de migrants,
les fleurs de ce monde
ni petit, ni grand,
de pleurs surabondent.
Mais nul ne peut nier que nous soyons liés
par la jeune Europe qui mit la varlope
solide entre nos mains,
avant notre naissance, pour que du bois l’essence
accueille les marins.