A toute marche, il faut une arche
d’horizons et de pont
pour qu’apparaisse l’azur de l’engagement futur.
On trouve chez La Fontaine
“le marcher lent de l’éléphant” :
sachons franchir nos plaines
ainsi que nos mers et nos monts amers
pour chasser la haine
et les durs marchés, pour apprendre à marcher…
1. “NYONS-CLUB” (1).
“Voulez-vous l’adopter ?” crient les doigts bien que l’enfant rie.
Il faut un tabouret de prière et de trait…
Mais vivent
les cheveux blonds de la moisson
tardive :
plongeons dans le bain coulé par le train.
Anges des vents et vendanges : le ciel en ailes se change.
Les bananiers se font âniers
et magiciennes les éoliennes,
tandis que les saluts enfantins descendent caresser les têtes grises des lavandes.
Les oliviers sont lavandins aux perles de fruits diamantins.
L’ogive de la tourterelle ouvre des jours dans la dentelle
de la tégule, et l’eucalyptus joue patiemment avec les hibiscus.
L’automne se donne
par les petites mains d’un capiteux jasmin.
Les poules gloussent sous les secousses,
sous les ébats de chatte et chat.
A saint-Vincent de Nyons on soigne les fleurs dans l’odeur qui témoigne.
Pourquoi la misère a-t-elle les couleurs de l’Europe, sinon pour mûrir en valeurs ?
Loin des carrières et des barrières, des aloès et des Aurès, l’agave se gave.
Avec les jeux bleus des cieux nuageux,
les nuages de la lavande dansent la sarabande ;
grenouilles de midi et lézards sont amis.
Jamais il ne manque ici la pétanque :
l’éclat du bois nourrit la voix.
Sous l’érable vénérable,
un couple de vieux ravis
va jusqu’au banc miniature d’un seul regard, sans murmure
sauf un souffle de merci.
Campanile sur la ville,
appel frais du sifflet,
miracle à la une, parfums à la hune :
on dirait que l’été ne veut pas s’arrêter.
Autour des tourterelles flotte une ritournelle,
sifflotant et trottant.
Sur la croûte de la route,
le sourire du vent nous oriente vers l’avant,
vers la découverte déjà claire et verte,
vers les inconnus aussi bienvenus
que les nuages aux plumes duveteuses que se partagent des mines heureuses.
Mieux qu’œil dans le bois, le cœur âgé voit.
Nul voyage n’est broyage. (Ces notes ont été prises en cheminant du 3 au 10 octobre 2013.)
(1) NYONS a porté l’antique nom de NOVIOMAGVS ou “Nouveau-Marché”.