
Avec la tête en bas, avec le cœur qui bat entre sacres et massacres, quel invisible Enfant vient à nous, avenant ?
“Hérode aux mages : Le Roi dont vous êtes en quête, Quel signe vous a mis en tête
Et persuadé Qu’il était né ?
Les mages : De cette haute naissance Nous avons eu connaissance
Au Levant
Alors qu’une étoile
Droit devant
Déchirait le voile.”
Traduction proposée pour un passage de l’Officium stellae de Strasbourg (en latin, XIIe siècle) par M. Hiebel.

Du bois mort soudain sort une étincelle qui ne chancelle devant aucune obscurité, mais sème la sécurité dans nos dérisoires gloriettes.

Et, dans la nuit, malgré le bruit, regardez-en germer les miettes…

La colombe ne peut passer, à tire-d’aile toute blanche, sans se baisser pour ramasser de la paix la fragile branche.

Voici qu’à Mulhouse, au bout des rues des Trois Rois, des Boulangers, alors qu’on cherche dans le froid un autre objet, tout autre chose, une rose bleue fraîche éclose offre un présent inespéré, quoique vaillamment préparé.

Tant il est vrai que les cercles littéraires savent ne pas travailler en rond, mais rondement avancer l’affaire historique ou bien scientifique, à grands bonds. Mathis Nithart donne un autre visage au grand Grünewald – né dans nos villages ? Son langage actif et contemplatif semble trempé dans la lumière d’une Epiphanie, familière certes, mais le portant vers un engagement révolutionnaire : sur le pont des ères…

Ainsi jaillit la “table” salutaire avec tous ses “volets”. Le mal doit se taire, afin que le lait du bien sur la terre coule sans arrêt.

Merci aux auteurs de cette publication collective qui replace dans un contexte vivant et vraisemblable le génie d’un peintre et qui permet d’écouter, de goûter, sa voix fraternelle autant qu’éternelle avec son vibrant timbre, son accent unique. Il transfigure le temps dans le sillage de l’Epiphanie pour que meure la guerre aux pieds de l’harmonie : “La LUMIERE NOUVELLE brille pour tous à présent. – Dieu veuille qu’elle brille pour nous paysans.” (Quatrième acte de Mathis Nithart – E Kinschtler im Bürekrieg d’Emile Storck, 1967). Pour des pages truculentes tout autant que succulentes, combien la traduction sert à la transmission, par la gourmandise et par la maîtrise !

des pages 142-3 de “Grünewald – Le Retable d’Issenheim” par H. Geissler, B. Saran, J. Harnest, A. Mischlewski (avec des photos de Max Seidel), publié par l’Office du Livre, Fribourg, et la Société française du Livre, Paris, 1973-1974.
Voici qu’en ces jours de lumière et d’épiphanie la grange des Antonins semble un intermédiaire entre l’étable de Bethléem où – d’après Luc selon qui va peindre NITHART – a lieu l’adoration des bergers (scrutée par les minuscules anges-libellules dans le ciel de Grünewald) et la MAISON de Béthléem où selon Matthieu a lieu plus tard l’adoration des mages. Oui, il est beau que l’Epoux et l’Epouse oeuvrent ensemble à cette traduction et donnent accès à des textes qui resteraient un peu trop cachés : ainsi toute lumière quitte le boisseau et se laisse révéler. Mages et marges parfois se rejoignent ! Après les trois rois, la boulange ajoute au lait du poisson céleste ce pain des anges faisant aussi mémoire du fruit de la terre et du travail… des paysans. Que la COLOMBE de paix agite avec douceur ses ailes et fasse fuir les guerres : telle est la lumière, sans artifice, le “sine dolo lac” qu’en ce début d’année, et bien avant le dimanche de “Quasimodo”, nous souhaitons au monde, aux amis de Théâme et aux bois de nos vies.