Il est des jours où les giboulées éclatent comme des rires ou des portes qui s’ouvrent. Une fois arrivés, affrontons ensemble les derniers pieds de nez hivernaux en ouvriers de paix.
Alors les rencontres bourgeonnent et bouillonnent, les feuilles de chou se font recettes à la “Tête de chou“, les livres délivrent et les railleurs sont travailleurs.
Dès lors, les chantiers mettent les métiers au niveau de la lumière, qui se montre buissonnière.
Même à la sauvette sur les rails, l’arc-en-ciel, comme une pousse d’ail, arrondit la route en arceau d’écoute.
Le train Paris-Moscou n’a-t-il plus la mémoire de Strasbourg et de ses misérables soldats libérés des bas flancs, mais non des noirs déboires qu’il faudra surmonter pour boire à la clarté des promesses tenues et de l’amour sauvé ?
Les déportations viennent malgré nous quémander les pas de notre prière : qui dira les revenants à genoux et les rictus souriants sur les civières ?
Il faut lire et partir droit devant pour faire sortir de l’enfer tant de vivants transis et tant d’enfants meurtris.
Ce grès discret, bien à l’écart de la ville, sonne muet et tranquille, comme un bronze priant, comme un bonze brillant. Il faut faire un détour entre les rails et l’herbe, même si l’on ne tient dans ses doigts nulle gerbe. Voici l’heure de l’avenir : courons, regardons-la jaillir vers des retrouvailles et d’autres semailles.
Par-dessus l’Ancienne Synagogue et les Halles, quelle hampe d‘Iris a déployé son châle ? Ohé, Noé ! tu suscites la confiance dans le signe de l’alliance… Préférons comme arc et chant triomphaux, pour lutter contre tout ce qui raisonne faux, contre les traumatismes qui nous frappent à mort, le tremblant chromatisme de l’arc-en-ciel, si fort que son chemin de l’air appelle, par des reflets parfaits de paix, jusqu’à l’harmonie fraternelle.