
Quelle tristesse dans la jeunesse ? En cette fête de Jean XXIII, face à cette image peinte par un prêtre, exposée dans une église, n’hésitons pas à prier pour l’Eglise, que bouleversent, blessent, bafouent et révoltent ses propres fautes, que Luther, puis un pape au seuil du concile Vatican II, définirent comme « toujours à réFORMer », c’est-à-dire à emBELLir : cette céleste institution s’incarna sur la terre chaotique, mais reste ancrée dans l’essentielle et providentielle Rédemption.

Faut-il qu’un sommeil veille à nos réveils ? Quelle défense garde l’enfance ? Sous cet œil fermé, le jour veut germer. Mais, sous les coups obstinés des guerres, les innocents errent et se terrent. « Frères humains, qui après nous vivez », semble nous avertir lucidement, après François Villon, le film La Voix d’Aïda, qui est tout sauf un opéra : chronique tragique d’un échec subi – commis – par des forces en mission de paix. C’était il y a vingt-cinq ans : massés dans un camp, suppliciés, est-ce que vont mourir des enfants ?…

Aïda : prénom dérivé peut-être de la notion germanique de noblesse, aboutissant à celle de la récompense… Faut-il que la beauté nous fasse trébucher, sombre dans un péché qu’on ne peut racheter ? Dans l’ombre un pêcheur se cache : de la nuit soudain s’arrache une splendeur de l’antiquité. Dans Gaza, l’air de l’éternité débouche sur l’amour et son rire : les camps remplacent l’ancien Palais. Nulle « récompense » pour oublier le pire : soudain jaillit la grâce à partager en paix.

Sachons plutôt rendre la terre au ciel pur qui la désaltère, qui la délivre des camps, lui rendant son cœur d’enfant et sa lumière hors des barrières. Bernanos le répétait même au milieu des menaces, puisque la foi l’habitait d’une tendresse tenace : « Vous êtes sacré, comme l’enfant ». Que l’ignominie lève le camp, et que l’art entre en résonance avec l’appel de l’espérance.
