
Pour le 10e Festival d’Obernai, l’initiatrice et directrice, interprète et créatrice, Geneviève Laurenceau semble retourner à “l’enfance de l’art” – ou l’art de l’enfance – en proclamant au début du programme : “J’ai dix ans” ! De fait, “toutes les rencontres sont possibles”, car l’amitié donne des ailes aux “passerelles” entre les arts, tel Vivaldi tissant les modes d’expression, de la contemplation poétique à la langue fraternelle qu’est la musique : en plein été torride éclate le printemps !
Allegro Giunt’è la Primavera e festosetti La salutan gl’augei con lieto canto, E i fonti allo Spirar de’zeffiretti Con dolce mormorio Scorrono intanto;Vengon’ coprendo l’aer di nero amanto E Lampi, e tuoni ad annunziarla eletti Indi tacendo questi, gli Augelletti; Tornan di nuovo al lor canoro incanto:Largo E quindi sul fiorito ameno prato Al caro mormorio di fronde e piante Dorme ‘l Caprar col fido can a lato.Allegro Di pastoral Zampogna al suon festante Danzan Ninfe e Pastor nel tetto amato Di primavera all’apparir brillante. |
Allegro Voici le Printemps, Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux. Et les fontaines, au souffle des zéphyrs, Jaillissent en un doux murmure.Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir, Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage. Enfin, le calme revenu, les oisillons Reprennent leur chant mélodieux.Largo Et sur le pré fleuri et tendre, Au doux murmure du feuillage et des herbes, Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds.Allegro Au son festif de la musette Dansent les nymphes et les bergers, Sous le brillant firmament du printemps. |
http://www.musebaroque.fr/MB_Archive/Documents/vivaldi_sonnets.htm

Car des passerelles relient au SONGE la RÉALITÉ, unissant les interprètes et la Création, réalisant les rêves en plein air, aux souffles de la lumière, faisant dialoguer entre eux, parmi nous, les époques, les étrangers, la parole et la musique, le sens et le son, la danse et le don. Tandis que les cloches se fondent aux croches, que les discrets grillons relaient les papillons, l’on dirait que soudain Shakespeare tout près de Vivaldi respire. Écoutons donc des voix profondes murmurer sans bruit le frais Songe d’une nuit d’été :
Lysandre : « L’amour véritable n’a jamais eu un cours facile »
« Fugitif comme une ombre, court comme un rêve »
Héléna : « Les choses basses et viles, exemptes de beauté,
L’amour peut leur donner et forme et dignité. (I, 1)
Titania : « Et à travers ce trouble du climat nous voyons / Changer les saisons »
Héléna à Démétrius : « Et moi je suis malade quand je ne te vois pas »
Héléna à Démétrius : « Car vous êtes, à mes yeux, le monde entier » (II, 1)
Héléna à Hermia : « Deux corps en apparence, mais un seul cœur,
Semblables à deux moitiés symétriques d’un écusson » (III, 2)
http://lettresauxscienteux.e.l.f.unblog.fr/files/2019/01/citations-shakespeare1.pdf
Mais laissons les analogies et leurs prouesses même jolies… Venez au Festival d’Obernai : sur ce val veillent le mont d’Odile et l’harmonie fertile !
