
Comment donc nos humbles salles obscures étincellent-elles en puits d’eau pure ? Nous le savons (Isaïe, 35) : “le désert fleurira”, l’obscurité de la mort portera des fruits. Déjà, voyez-les qui bougent sur la pellicule, brillants, rouges de renaissance, au-dessus du fossé bien que le désespoir ait tout faussé.

Dès lors, les branches semblent moins blanches, tremblent de pousses et de bourgeons, de soudains souffles et d’horizons.

Même les oliviers du Mont tressaillent d’imminentes, d’ardentes, retrouvailles.

Qui donc aurait cru que l’empereur Henri serait saint malgré son successeur épris de vices ? D’ailleurs, le futur saint Antoine de Padoue ne devint pas d’emblée moine, mais il étudia – à hue et à dia – jusqu’à ce que ses fibres d’une naissance vibrent, au point de danser pour elle d’une claire sève qui jamais ne crève, pour lancer nos futures oreilles vers d’autres merveilles…

A Bari s’en était venu Nicolas déjà disparu ; de même, dans les oliveraies proches, on conclut qu’une voie a raté le coche… Mais les racines sous les accidents puisent de la résurrection le sang. Quelquefois même une mère orpheline de son enfant par des mots furtifs, patients, le devine.

Or voici que le chant d’un vieil arbre transplanté ne laisse pas de marbre les personnels… impersonnels, que les médias relaient des remèdes capables de faire aboutir l’aide par la tendresse de la méditation, par Alma dont le nom porte en espagnol “l’âme”, mais en latin la mère aux “aliments” sans blâme, et par le calme élan d’une révolution. L’arbre sacré sécrète le sourire : le vieil Olivier devient un vivier ; car, par lui, l’improbable paix respire.

Ainsi l’Europe semble enfin se dessiner, les Européens eux-mêmes se décider à faire cause commune pour chacun et chacune, pour que le cinéma redresse notre mât, par-dessus la mémoire étroite, nationale : vers une liberté gracieuse et radicale.