
Ces obus disposés à l’ombre d’un tronc nous rappellent, outre la “grande guerre”, le conflit mondial qui suivit, mais aussi la bataille de César et d’Arioviste qui semble s’être déroulée, juste avant le début de notre ère comme certains combats du siècle dernier, au pied du Grand Ballon : dans l’Ochsenfeld, ce “Pré du Taureau”… “Une étendue plate se présentait, vaste avec en son sein une élévation de terre assez haute”, écrivait le général romain Jules César relatant sa victoire de 58 avant Jésus-Christ sur le Germain Arioviste dans la Guerre des Gaules, au livre premier, au chapitre XLIII.

Ainsi poussent les arbres sur les armes rouillées, lorsque les racines en larmes, agenouillées, implorent un peu d’air et d’eau pour leurs branches sous le ciel clair. Que de contrastes fouettent la planète qui souhaite juste s’appuyer au doux parapet que, sur le matin, édifie la paix ! Faudrait-il que les statures altières se retirent, s’exilent sur une île ou dans une forêt près du Fujiyama, comme dans “La Ballade de Narayama” ?

Les contradictions savent nous remettre, pour nous aider, les généreuses lettres composées par des doigts amis, et plus durables que l’origami de l’enfance pour l’espérance.

De même, “La Communion” déclenche sur la violence l’essentiel son du silence pour témoigner et pour soigner.

Certes, les livres percent nos murs de leurs fruits mûrs et nous délivrent :

c’est souvent en nous ancrant dans l’encre ! Mais les savants sont aussi féconds en catastrophes que profonds les plis de notre étoffe.

Est-ce que le bien au mal toujours tient ? Se peut-il qu’un jour les AMBIVALENCES, au confluent des guérisons par l’humaine alliance menées sur l’influenza obstinée, au croisement des horizons, se résolvent au bord d’une PRESENCE ?

Sur nos enclos veut jaillir l’eau de la vie, lavant l’envie en puisant au torrent : quelle tendresse à nous s’adresse ? “Ce que je donne à boire en chacun va bondir pour être la source que rien ne vient tarir” (Jn 4, 14).
N. B. La traduction des citations figurant dans ce billet, du latin au début et du grec à la fin, est proposée par Théâme.

Oui, que coule encore l’eau vive du torrent dévalant du Grand Ballon et que coule le torrent de nos soifs humaines de liens et de rencontres ! Malgré les absences obligées, les essentielles présences demeurent : “Nos atouts sont perpétuels comme l’orage et comme le baiser, comme les fontaines et les blessures qu’on y lave”, souffle le Poète de l’Isle-sur-Sorgue. Présence des bourgeons vivants au milieu des souches mortes. Et, près des racines en larmes et trop mises à nu, le sentier creux est habillé d’un doux tapis de feuilles : le soleil annonce de prochaines résurrections. Oui, le livre naît de l’homme et l’homme naît de l’arbre. L’Arbre à livres salue en secret cette belle trivalence. Nos terres portent les traces de tant de batailles qu’il est bon de nous en souvenir au moment où nous entrons en guerre contre un invisible ennemi dont les obus se glissent dans nos poumons. Que se lèvent des chercheuses et des chercheurs aussi passionnés que Marie Curie, et que la COMMUNION des esprits soit plus forte que le CONFINEMENT des corps! Que marcher au soleil vers quelque Sudel ami soit notre force et notre résistance. Fontaines et montagnes, comme nous vous désirons !