
Le dimanche, la garden party change parfois de forme vers midi. A Fontaine, le tilleul de Turenne n’est plus seul : car tout près s’allume un jardin de Plume, pour l’amour de l’humour.
Étendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur : « Tiens, pensa-t-il, les fourmis l’auront mangé… » et il se rendormit. Peu après, sa femme l’attrapa et le secoua : « Regarde, dit-elle, fainéant ! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre maison. » En effet, un ciel intact s’étendait de tous côtés. (Henri Michaux, début de Plume, 1938.)

Au détour de nos routes nous saisit une écoute. Est-ce que nous nous trouvons à La Roque-d’Anthéron ? Un jardin de délices tissées de haute lisse nous réunit : une estivale Hermine soudain nous illumine, en cercle assis.

La cour des miracles s’offre en tabernacle à l’harmonie sans prix, au rythme de l’Esprit.

Nulle ombre ne nous accable dans l’herbe où la paix s’attable…

…Jusqu’à ce que nos migrations, de passage en partage, tendent nos cœurs vers l’admiration, et que le jardin scintille en accueillant les familles.

Les éclairs du plein air nous vêtent d’haleines fraîches et reines pour un envol avec le sol, pour un pacte qui soit acte.

Comment donc apprivoiser un cadre surexposé ? Il suffit que la lumière, par l’essor de l’accord, se transforme en clairière.

Ciel ouvert, mais si clair qu’un ange arrange les volets en reflets, les notes en hottes et le départ en nouveaux arts.

Armées de telles ailes, nos âmes sont moins frêles, escortées d’oiseaux, hissées vers le beau, vers l’imminence de la naissance.
Sublime jardin où la poésie donne la main à la musique, où se rencontrent l’invention créatrice et l’émotion des coeurs dans un même élan vers la beauté accrochée à la terre et touchant le ciel.
Jardin de délices où les mots ne s’écrivent qu’ en majuscules , Partage, Paix, Joie, Beauté, Génie, Grâce d’un jour d’été…Merci Martine de nous en avoir entr’ouvert la porte.
Oui, Lautréamont avait bien raison : “La poésie doit être faite par tous. Non par un.” Remercions aussi Anne-Catherine de nous avoir révélé l’Oratorio “Saint François des oiseaux”.