La cathédrale vue depuis le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg par Dominique Guest.
Ce cliché dû au talent d’une amie parisienne à laquelle nous avons aussi emprunté l’illustration de l’article Après le bimillénaire de Strasbourg se prépare le millénaire de sa cathédrale, a pour cadre le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg : au 1, place Arp, plusieurs de ses salles sont consacrées au couple de Jean Hans Arp et Sophie Taeuber-Arp. Voici dans leur intégralité les lignes surréalistes citées précédemment et inspirées à Jean Hans Arp par la cathédrale au pied de laquelle il est né en 1886 :
La cathédrale est un coeur.
Comment ai-je pu dire
que la cathédrale de Strasbourg
était un coeur ?
Pour la même raison
que vous pourriez dire
que nous sommes une branche d’étoiles
que les anges ont des mains de poupée
que le bleu est en danger de mort
qu’il déteste les surhommes
et qu’il préfère les hommes de neige
qui fondent sur une plage d’été
entourés de lampes à pétrole.
La cathédrale est un coeur.
La tour est un bourgeon.
Avez-vous compté les marches qui mènent à la plate-forme ?
Elles deviennent chaque soir de plus en plus nombreuses.
Elles poussent.
La tour tourne
et tourne autour d’elle.
Elle tourne elle pousse
elle danse avec ses saintes
et ses saints
avec ses coeurs.
S’envolera-t-elle avec ses anges
la tour de la cathédrale de Strasbourg ?
La cathédrale de Strasbourg
est une hirondelle.
Les hirondelles
croient aux anges de nuages.
Les hirondelles
ne croient pas aux échelles.
Pour monter en l’air
elles se laissent tomber en l’air
dans l’air tissé
de bleu infini.
La cathédrale de Strasbourg est une hirondelle.
Elle se laisse tomber dans le ciel ailé
dans l’air des anges.
De ce monument, l’artiste a même pu dire : « Probablement, les figures de la cathédrale m’ont stimulé pour la sculpture ». Quel clair accord s’élève alors entre la majestueuse paroi gréseuse, harpée de figures plus gracieuses que glorieuses, et la trajectoire de celui qui s’appela d’abord H.Arp ! Car, par la suite, la même liberté plastique, la même transparence aérienne, un semblable mariage de la lumière et de la matière, s’observent en creux, en pleins, en déliés, dans la sculpture de Jean Hans Arp comme en témoignent à Strasbourg les salons de l’Aubette, l’avenue du Général de Gaulle, ou par exemple la Roue Oriflamme visible dans le pays d’adoption de l’artiste qu’est la Suisse, plus précisément à Martigny, dans les jardins de la Fondation Pierre Gianadda.
J. H. Arp à Martigny, cliché Théâme.