
Le frisson de la guerre et de la servitude
Parcourt longtemps la chair de nos générations :
Sachons donc combattre leurs coups sournois ou rudes
En concevant la paix comme seule passion.
Il ne faut certes pas qu’on joue
Assez avec les mots
Pour que le blasphème Ajoute aux problèmes,
Ou qu’il aggrave les grands maux
Qui nous tiennent en joue.
Mais se peut-il que la paix,
Si nous venions à perdre la tête Et que nous redevenions des bêtes,
Ne soit rien de plus qu’un pet ?
Notre cœur encore le répète
Sans lui manquer de respect, Résistant à ce qui hait ;
Notre âme qui la guette halète…
Brusquement, de son pied
L’être détache sa sandale,
Désormais léger et délié
Pour vaincre le scandale.

La paix est un feu
Qui nous met en jeu,
Elle est flamme
D’un programme
Pour nos mains,
Pour demain.
“Comme un feu sur la terre…
– Combattons la misère,
A l’Esprit soyons prêts :
Sortons de nos triomphes dérisoires,
Levons nos regards sur le provisoire.

Non, ce n’est pas rien Qu’un pont aérien
N’exigeant aucune équerre,
Pour qu’enfin l’étau De trop de ghettos
Se desserre sur la terre ;
Faisons donc corps
Avec le courage A travers les âges,
Avec l’accord :
Que les souffles de l’Europe Vers la paix se développent.
La véritable paix N’est autre qu’agapè,
Cette Communion unique A la divine musique,
Par qui la respiration de l’amour Dans les plus amers déserts vient au jour.