
Sur les lignes se détache une harmonie… qui se cache à grands cris dans les stridences de l’esprit de corps menaçant l’accord et l’élégance. Quel esprit solidaire peut nous faire acteurs de l’Europe, « ActEurope », dans le four ou le puits qui nous cuit, engloutissant le jour ? Il nous faut remonter la pente contre « la vieillesse rampante », choisir selon les mots de Jean-Marie Meshaka – dont Le Citron dans le café sans tracas pulvérise l’âcre crise – « la fête ou le chaos ».

Aides qu’on lance, ailes de danse : arrêtons-nous d’errer, sachons nous libérer,

du fond de nos racines européennes, pour sauver les eaux méditerranéennes des crimes humains, pour ouvrir nos mains.

« S’envoler… au-delà des peurs », Marie Bader le rend possible : elle marie le « rêver concret » (de ce Jean-Marie) aux voies de la paix sur les ondes de RCF A Voix haute, comme s’il apparaissait un corps d’esprit, comme si d’invisible on était épris, comme si le miracle venait sans faute psalmodier en nous. Or chanter reviendrait peut-être à penser quatre fois : si, d’après Augustin, se duplique notre prière par un cantique, elle-même jaillit en qui pense deux fois… L’amour et l’âme font ainsi meilleur ménage que l’amour et la mort qui sont ensemble en cage ou même que l’attelage âme et corps : l’amour donne à l’esprit corps pour l’accord. Psyché n’est-elle pas la mystérieuse face de notre souffle intérieur que veut aimer Eros sans montrer le meilleur de son adorable grâce ? Loin des problèmes laids, vers un somptueux palais, enlevée par un vol étrange comme par d’impossibles anges, elle lui répond en ignorant son sort dans Les Métamorphoses ou L’Âne d’or d’Apulée (livre V, chapitre XIII) : « Je ne m’offusque plus de l’obscurité, car en moi je te tiens, ma propre clarté ». (Traduction du latin proposée par Théâme.)

En route vers un printemps dont nous serions les oiseaux, tantôt ailes dansées, tantôt aides lancées, nous voici âmes dotée d’un corps – voire, par renversement des ailes de la dualité, corps doté d’une âme. L’esprit alors permet que chair et âme soient d’un seul tenant, de même que les fiancés expriment hautement l’amour réalisé du désir demeuré désir. Tant amour et confiance naissent souvent d’un NE PAS, d’un NOLI, d’une divine retenue. Ainsi toute stridence fait voeu de silence, le rose flashy des flamands en appelle au bleu atténué des abysses d’où remonte le Christ. Le jaune lumineux du citron, son goût acidulé, se marient au noir du café,à sa lucide amertume. Aristophane sourit en grec à Marc Aurèle ! Une Marie nous parle à voix tantôt basse tantôt haute des secrets de chanter, de rêver, de respirer, de s’envoler. Ecoutons la conteuse : l’huis s’est ouvert.