
Le soleil “debout sur la montagne” (comme l’agneau dans l’Apocalypse 14,1) permet que sa parabole gagne en profondeur l’âme et le cœur.

Puissance habitante qui vibre chez nous ? Signe infime et doux ? Présence invitante ? En tout cas, debout contre le corps inerte, raide et laid de la mort.

Tout le mal animal de la guerre sur la terre tombe quand le moulin révèle ses ailes, bien plus malin que les cortèges froids de la neige, et remet debout, à la force d’aube de toutes ses aubes, le soldat qui bout de fatigue : ô la digue de la bonté pour remonter avec la cristalline poudre vers les pleines graines à moudre et vers les buissons ardents des cuissons !

Même la mine avec ses puits s’illumine en sa nuit, tout près des enseignes qui veillent et règnent.

Demeurons debout comme ces miniatures qui par fière fidélité, par courageuse loyauté, dévoilent à la jeunesse l’aventure…

Vers le haut dès lors, les montagnes tirent la campagne : vers le beau, vers une ineffable nouvelle où l’amour même se révèle.

Arbres martyrisés par le vent, mais mus, comme aimantés droit devant…

Le Moine lévite là-bas. Est-ce que le démon s’abat ? L’enfant, bien debout sur tant de pentes où les cristaux déchirent la sente, brave – léger – tous les dangers. Tout à coup, ses yeux s’écarquillent lorsqu’une Jeune Femme brille, à qui s’accrocher, qui va s’approcher, puis qui le sauve sur un rocher fleuri de mauve.

L’innocence sacrifiée sur le Mont, c’est l’eau qui sait construire tous les ponts : elle signe en tremblant l’alliance qui remet debout la confiance.

Il faudrait le lire debout, ce billet, “la ceinture aux reins et les sandales aux pieds”, comme pour une Pâque avec ce grand coup de rein “pour se hisser sur la montagne : c’est là que l’on rencontre Dieu, c’est là que la joie nous inonde et que pour nous s’ouvrent les cieux”, chantait-on dans ma montante adolescence. “Debout, resplendis”, semblent nous dire ces admirables images de la “merveilleuse simple inarrêtable ascension” que devrait être toute vie, hélée par le Seigneur vers la cité céleste. Mais avec quelle grâce celle-ci descend des cieux, brillant de mille feux, lumineuse comme ces extraordinaires levers de soleil. A l’homme blessé et couché dans la neige, la belle meunière de Mulhouse va rendre la force de se remettre debout. Belle parabole de tous ces gestes de la bonté qui relève et rend droit. “L’homme respire, la femme se tient debout”, souffle le poète. Mais debout elle sait encore se pencher, s’approcher, se laisser prendre aux entrailles, s’agenouiller… Tout debout- généreux croise un jour le “Stabat Mater” et a su parfois descendre aux mines de sel ou de charbon de la souterraine désolation humaine. “Ne te courbe que pour aimer”, commande encore le poète. Ainsi nos fiers “debout” cèdent-ils à l’amour comme on cède à Dieu. Les courbés et les courbatus un jour se lèvent – se mettent debout – et vont vers leur Père. Soyons des relevés, d’anciens paralysés qui retrouvent leurs jambes, et par nous peut-être passera le dévoilement de l’amour infini du Père pour ses enfants tombés… et remis debout.