
En votre fête, Vierge des Douleurs, Qu’est-ce qui fait pleuvoir tant de couleurs ?
Nous sommes venus de loin, des places antiques Changeant nos chantiers en chants qui créent et fabriquent.

Car un jeune Anatole a su ressusciter
– Sans vider la boîte de Pandore, Mais pour réveiller la fraîche aurore –
En les essuyant les plâtres d’une cité
Qui retrouva son rôle en bulle immobilière : Dans l’espace gratuit de la vaste lumière !

Telle est la source où les plans Pouvaient puiser leur élan,
Où le Patrimoine même reprend haleine Pour que la liberté fructifie, claire et pleine.
D’autres murs ont fait lever en chemin Nos têtes, du passé jusqu’à demain.

Mais quel refuge Dans le déluge
Du bruit, quel seuil Et quel accueil
Pour ceux que l’ombre expulse, exile, Qui du sens recherchent l’ASILE,
Un endroit
Sacré, donc inviolable,
Qui se doit
D’être sûr sous les gables ?…
Parfois néoclassiques, les pignons Séculaires, égrenant les saisons,
Laissaient la misère Joncher pierre et terre.

Quelle embrasure de chaleur
Chassera la folie Sous ses paumes polies
Et voudra bercer les malheurs ?

Au fond, derrière le voile, tressaille Une présence qui raille : “Déraille”,
Croyons-nous l’entendre dire au Pilier défiant Les lois de pesanteur ! Les quatre anges déliant
Notre joug de fatigue auront-ils gain de cause Sur notre ennui morose en leur chair de grès rose ?

Nous restons dans le coin, mâchant un goût de cendre, Au pied du Juge aimant qui voudrait tant descendre
Soulager le courage abattu, Rendre sa grâce à l’esprit têtu.

Après avoir longé des murs altiers, Des canaux qu’il faut toujours nettoyer,
L’orgueil qui pue et qui pèche Jusqu’à ce que tout dessèche,
Nous avons vu l’horreur de la dégradation Atteindre le portail de la résurrection.

Mais voici que, devant nous, contre toute attente, Le Christ défiguré quitta la mort latente
Pour être à la hauteur des sites visités, Des sanctuaires français rendus à leur beauté.

Car l’Œuvre Notre-Dame est toujours au travail
– De même qu’on élague D’un blog toutes les blagues -,
Surveillant la flèche comme l’humble vitrail.
Et, pour nous laborieux pèlerins en exode, La rosace d’Alsace en forme de géode
A suscité l’idée d’un ambulant abri, Rayonnant et léger comme une voûte à plis.
Vous seule, Notre Dame, Savez recueillir l’âme :
Que la Croix de votre Fils soit “la clef du ciel” Ouvrant la charité plus douce que le miel…
Quel ASILE Dans la ville !

“Soulager le courage abattu, rendre sa grâce à l’esprit têtu,” tel est le pilote secret de cette déambulation strasbourgeoise tantôt dehors, tantôt dedans l’extraordinaire ASILE de Notre Dame de Strasbourg. La piéta certes y rappelle les douleurs mais les anges et la rosace chantent une autre musique. Dans les rues de sa ville Martine promène son amour. Aimer sa patrie, aimer son patrimoine : guerre aux démolisseurs – comme disait Victor Hugo- , paix aux éternels réparateurs : ils rendent son sourire au Christ à la pointe du gable qu’un bec de lièvre semblait avoir raillé. Et que dé-raillent les railleurs et qu’en sourdine sous-rient les anges en bas du pilier. Oui la ville est belle sous le soleil de septembre en cette fin d’été et ses canaux et ses écoquartiers ouverts aux artistes comme une agora d”Athènes et ses façades où la pierre nous fait entendre les quatre murmures de Terre, Ciel, Eau et Feu. Merci Martine au pied léger de nous faire ainsi arpenter ta ville en redécouvrant l’intériorité de ses beautés. Tu nous offres en cent pétales la rose-thé de septembre; chacun d’eux essuye quelque secrète larme de nos douleurs ainsi effacées. Theâme cérémonise un ASILE . Sentez-vous la joie qui bat des AILES au dedans???