
Vous l’aurez compris : au tournant du solstice, renouant le collier des ans par l’ample constance d’une transhumance au fil du fossé rhénan,

Théâme s’en va humer d’autres délices.

Par-dessus boue et sang des tragiques grecs,

entre la rive et « le héron au long bec« ,

la vie s’écoule et se déroule…

pour accueillir, épanouir.

En se regardant, les bêtes pulvérisent les barreaux et vaporisent le beau : redressons aussi la tête !

Car il faut savoir adopter des arts si lointains qu’ils sont proches et dire oui au Feng-Shui – frais et fort comme roche – pour prendre ensemble de nouveaux départs.

De rues en mues, de ponts en bonds, d’heure en heure, nos demeures nagent de conserve à contre-courant vers la souriante source du torrent…

De la majestueuse cathédrale, casse-cou tout à coup, fléchit la colonne vertébrale !

Il suffit que le firmament nous branche sur ses filaments pour que nos demeures marchent d’heure en heure, sans arrêt vers la paix.

Riches heures en la demeure d’autant plus chérie qu’elle ouvre portes et fenêtres à l’inattendu des nages à contre courant, et aux demeures les plus sacrées. La collégiale de Lautenbach montre ses toitures, la cathédrale de Strasbourg rend hommage au sauveur de sa flèche : ne désigne-t-elle pas vers le haut l’unique demeure qui importe et qui permet, quelles ques soient nos transhumance, » d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de nos vies. » A Illkirch-Graffenstaden le même dôme de la paix est retrouvé. Quant à nos frères les animaux ces exilés ont du moins trouvé à Mulhouse une demeure douce à leurs jeux, une demeure qui n’oublie pas de fleurir ses pelouses et parterres. Y pavoise en particulier l’inimitable pivoine. On préférera peut-être encore le héron libre de la Doller. Il élève au bord des eaux des ailes miraculeuses. Au théâtre Oreste et Electre vont ensemble lutter contre la malédiction de la maison d’Oedipe. Certaines maisons, il faudrait les fuir. Insurgé, insurgé! De même en poésie n’habite-t-on que la maison que l’on quitte, et on ne peut créer que l’oeuvre dont on se détache ; tels me semblent, détachés sur le haut d’une colline, les trois tours des trois chateaux, veillant sur notre plaine .