
Plus inconnu que m’as-tu-vu, le talent de compositeur entrouvre l’infini sans peur.

Dès lors, les Sonates méthodiques, changeant la mort en notre essor, nous rendent l’oreille mélodique.

A grands seaux coule une eau qui rayonne, libre, d’un autre équilibre.

De cet allant, serons-nous capables, en EurOpéens moins cyclopéens, de porter les câbles avec élan ?

Cathédrale de Fribourg : la bénédiction du pèlerin (XIIe siècle).
Quelle figure, tel un pont, tend la voilure de béton ?

Dans une autre rue de Fribourg.
Quelle porte s’ouvre forte ?

Au fond du cri, le salut vit.

Rien n’affame jamais l’âme dans les périls, sinon l’exil, quand s’abat la guerre comme la misère sur le pauvre monde fracturé, fêlé, qui s’était pourtant senti presque ailé… Or rien n’altère jamais la terre ni ses splendeurs sinon l’horreur qui sue et tue : « Ce fut sa manière, ce livre, dit Jean Rouaud dans son épilogue sur Montaigne, d’interrompre la guerre par d’autres moyens ».

Avec la paix, revient le goût du partage au-delà des coûts.

Ruminer l’espérance est le 28e chapitre dans le nouvel ouvrage de Marion d’Elissagaray, au titre de prière contre tous les prédateurs sur pieds, S’il vous plaît, ne touchez pas à mon âme, qui va méditant, imitant, les Essais de Montaigne à son tour, à sa façon de façonneuse et d’éleveuse, bien appuyée sur la rampe des oiseaux et de sa lampe : « Reparler de l’espérance s’impose, mais ni trop lentement, ni trop rapidement. Car elle tient bon, l’espérance, elle est durable et il lui arrive même de rajeunir avec l’expérience. En tous cas elle demande à être mastiquée, manduquée, remâchée, ce qui est un art bien délicat. » Sous cet effort alors, la mort qui rampe de crampes soudain s’éteint…

Première de couverture de l’ouvrage de Marion d’Elissagaray consacré, dès 2018, au sauvetage des innocentes abusées et au compagnonnage de Montaigne, S’il vous plaît, ne touchez pas à mon âme (Editions Maïa).
Ainsi, l’un derrière l’autre courent les livres, tantôt à quatre mains en codes médiévaux, tantôt contre un tyran se drapant d’oripeaux, comme dans un enclos la jeunesse délivre et rapproche, par de simples jeux fraternels, les espèces sous un vivant souffle éternel.

Zoo de Mulhouse : de même que les ânes et les chameaux font la course, s’enchaînent ainsi pour tisser la civilisation, puis pour hisser l’émancipation, les travaux de l’âme et de la main, ceux des scribes (telle Guta) comme ceux des polémistes à la suite de Manegold de Lautenbach…