
Peut-on s’écrier, quand la paroisse paraît morte (alors que le douloureux roman de Bernanos Monsieur Ouine a failli s’appeler La Paroisse morte), “vive la paroisse” ? Ce qui est sûr, c’est que ce terme ancien d’origine grecque désigne l’ensemble des “maisons voisines” et que les demeures prochaines représentent des chaînes aussi douces que solides, de proximité même lointaine, de solidarités aussi divines qu’humaines. Sans qu’il soit besoin de “prêcher pour sa paroisse”, qu’on en juge par la polysémie ouvrant de nos jours l’étymologie !
Car, depuis quelques années, dans la sphère chrétienne les paroisses se sont réunies en “communautés de paroisses”, comme dans le sillage des “communautés de base” élargies, réunies, épanouies, en Amérique Latine tant bien que mal.

Dès lors, mains et lettres deviennent tabernacle de tendresse et d’élan, d’improbables miracles. Car “Ce n’est pas de vivre dans la misère qui rend misérable, mais de ne pas pouvoir la décrire”… jusqu’au moment où “le voyage d’Octavio ne fut plus celui d’un mendiant”. Au bord de la fosse et de l’église métamorphosée en théâtre, soudain l’alphabet ne resta pas insaisissable, inaccessible, ni froid comme pierre : “Les orchidées, les chansons, le citronnier, tout ce qu’un siècle y avait mis d’oubli semblaient s’animer alors.”

Aux détours de l’amour, par sociétés et “conférences”, par Vincent de Paul et par Ozanam, la charité circule mieux qu’un tram ! Par la correspondance et les réseaux qui dansent, le “vaste monde” tout à coup devient “paroisse” – aux dires du théologien -, d’où nous écrivent encore des plumes d’ange plus solides que des enclumes !

C’est comme si le vieux pas d’Europe pouvait nous rendre moins misanthropes… Qu’il transforme les couchers du soleil en un nouveau commencement d’éveils, toutes les fins d’année en promesses données, et nos cœurs morts de peur en une paroisse que nul mur ne froisse !
