
Fil de chaîne ou de scolopendre ? Voyez l’humaine salamandre sur laquelle descend le ciel incandescent !

Un fil de trame les croise, les coiffant mieux que l’ardoise : un chenal de cheval, une crinière chenue, une lumière ténue.

Fil de chaîne, fil de trame : debout ! Voici qu’un mur intérieur brûle et bout.

Fil de métamorphose et d’escalade : chaque œil-de-bœuf grimpe et part en balade.

Dès lors, le fier destrier redevient simple ouvrier : même le dimanche se tissent des manches dans les modernes conteneurs nervurés de vives couleurs. Ils ont choisi cet espace pour pouvoir se retrouver, pour parler de l’humanité qui leur demande sa place.

Fil de l’air, donne-nous des ailes droites pour que nous osions sortir de nos boîtes.

Fil du temps, viens, étends l’envergure de la ville où s’épanouissent, tranquilles, la nature, l’amitié, l’aventure des métiers…

Lorsque le fil de la jeunesse ouvre les bras de la promesse, on arrive à réhabiliter pour peu qu’on veuille ré-habiter.

Au fil des rencontres, la solution va surgir et se montre comme un cœur qui bat. Entrez dans cet éphémère village : recyclage et reconversion reliant aux âges les rivages sont une école de résurrection… Usine en ruine, briques en haillons, deviennent maillons d’une chaîne solidaire, pistes d’une route claire.

Au fil de l’Ill se devine et chemine l’invisible, humble, “Peuple du Muret” : un troupeau qui voudrait pouvoir paître la paix.

Alors, Mulhouse, sur la pelouse des champs si doux et si fins, fais tourner tous tes moulins de tendresse et d’adresse.

Voici un billet filé et qui fait tourner comme des fileuses leur rouet les aubes de tous les moulins du coeur de Mulhouse. Car c’est au fil de l’Ill que jaillit Dollfus-Mieg dont le cheval d’emblème semble un oiseau hennissant. Honneur au peuple des murets que Théâme rend moins furtif… Et voici que l’ancienne usine dont les patrons furent, envers leurs ouvriers respectés, des maîtres vraiment paternels, hérite de ce passé bienveillant et revêt autrement son manteau d’humanité. Superbe métamorphose engagée pour le bien des personnes: la poésie des cantines rejoint celle des containers, se mêlant aux salamandres et aux tatous qui ajoutent au réel revisité leur petit fil d’or d’irréel ressuscité. Ainsi s’imaginent nos villes, et sur un patron de poésie seront brodés leurs nouveaux habits. Le célèbre coton perlé n’a pas fini ses broderies. Mulhouse pour ses FILS du siècle XXI reprend ses FILS du siècle XIX : il a suffi entre les deux X d’enfiler le I autrement et de donner au L sa valeur labiale ou mouillée. Que de bondissants chevaux-chameaux par le chas de telles aiguilles !
File la lai-ne / filent les jours..
Fils de coton / fils souvenirs
Fils d’amitié et de piété
Fils variés / souples / vivifiants