
I. M. Yann Laurent.
Combien faut-il chasser de vices pour cueillir, donner, les délices…

…Pour que la colombe de chant et de paix dessine le champ du baptême, du « je t’aime » d’un Agneau qui dissout la corruption, car Il respire, inspire, l’adOPTion – ce CHOIX réciproque passant les époques, ce vif lien par le bien ?

Sans fin, les Rois mages cherchent l’itinéraire qu’ils nous montrent partout sur terre, tels des frères, changeant le deuil de tant d’innocents massacrés en nouveau seuil, lavé par le pardon sacré.

Dès lors, l’arc de l’alliance apparaît, délectable, déchirant le voile pourtant impénétrable de nos refus par le début adorable, simple, absolu.

Comment se fait-il que ces colombes nous fassent signe et jamais ne tombent ? Serait-ce que leurs battements doux – pareils à des antennes qui vibrent et comprennent – restent chez nous, plus forts que nos coups ?

En la fête de son épouse Lucienne, en l’Epiphanie encore musicienne sous ses désormais invisibles mains, Jean-Pierre confiant prélude à demain. Il est à la fois Pierre…

…Et Jean le Baptiste, grave, mais non triste.

Des langes premiers de la Nativité jusqu’au linceul brisant nos captivités, en présence de l’ange de l’Un Seul sur nos fanges, nul ne vole le corps du Rédempteur : Il s’envole, génial Compositeur, semant comme une fête l’unique « loi parfaite : la liberté« .

Sans déserter, l’organiste niché dans la chaude ombre haute nous enseigne comment Le suivre mieux, sans faute…

… Par-dessus le mal, tous ses charmes qui désarment, ses appâts clouant nos pas, ses mensonges qui nous rongent, ses crocs de chacal !

Yann-Jean, étudiant-serveur, va boire, à travers la violente nuit noire des engloutisseuses corruptions – à l’infiniment tendre Adoption !

« Son nom est Jean », avait écrit Zacharie – adoptant finalement, le Nom choisi par YHWH et par Elisabeth sa mère. Prononcer son nom, c’est adopter le fils donné par la Vie. Et la vie a toutes sortes de façons de donner des fils. Son nom est Yann, avait dit elle aussi Isabelle Laurent en recevant ce fils adopté, ce fils adoptif. Le Verbe « adopter » prend alors son sens optatif. Désir demeuré désir… Yann est un choisi, un élu ! Comment parfois la gorge de nos fils élus et adoptés se met en pièces pourtant, nul ne le sait. Si Pierre, premier choisi, va renier, lui du moins va pleurer et se repentir. Le rocher sur lequel sera bâtie l’église a des larmes. Mais Judas, lui aussi un des élus, un des choisis de Jésus, un de ses douze adoptés, Judas – par quel mal brisé, corrompu, va trahir, d’abord un Maître aimant, puis la Vie même ? Judas qui se pend, s’arrache à lui même la vie donnée. Tout suicide est un déicide, car en vérité nous sommes tous adoptés par le même Amour Infini du Père, tous « nous sommes des dieux » selon le psaume 82. Une vie ainsi perdue, quelle couronne d’épines pour une mère ! Comment pardonner ce contre absolu à la faim d’aimer ? Quelle puissante « emprise » permet que soit ternie, corrompue, la lumière ? Seul un Kyrie Eleison ouvre une brèche. Vers qui nous tourner sinon, comme Jean qui Le désigne, vers « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » ? De son côté, règne la divine Miséricorde. Jean-Pierre sut la faire chanter de ses mains ailées, agiles et tranquilles sur le clavier de l’orgue. Nous rappelant à tous que nous sommes nés pour Le chanter : Lui, l’Enfant né de Marie et adopté par Joseph, le roi du monde est ce petit corps d’un nouveau-né emmailloté dans un linge déchiré. Et si nous, santons de tous lieux et tous pays, n’étions nés que pour L’adorer, Lui dire notre émoi, Lui donner notre moi et – comme le Charles de Strasbourg et du Hoggar – « nous abandonner à Lui » ? Alors les sept notes de la musique, les sept couleurs de l’arc-en-ciel, les sept jours de la semaine, les sept dons de l’Esprit, les sept branches de la menorah, les sept dernières paroles du Christ en croix, s’uniront pour dire les louanges de notre Dieu qui pardonne septante sept fois. SEPT, chiffre du pardon, SEPT qui divise 2023 qui vaut dix-sept fois SEPT fois dix-sept.