
La terre et le ciel ensemble arcboutés protègent de la guerre l’été. Quand les travaux changent les ruines en anges, la présence revient habiter : là, de sous la poussière, émerge la prière. Par les rénovations, l’espace a retrouvé sa native splendeur : il est transfiguré…

Le moine sonneur se contorsionne afin que la musique rayonne.

L’Agneau clé de voûte s’est laissé caresser :
l’ouverture se perce, le monde se renverse, car à notre hauteur d’homme Il s’est abaissé.

Quelle voix bien obéie remet sur pied l’Abbaye que sans nul remords menaçait la mort ?
L’atlante enfante le support pour le corps, et l’âme ne peut plus cacher sa lame : elle va chercher. Alors les trésors prennent leur essor de partage, et voyagent : voyez-les étonnés, mis au jour et donnés.

Le soldat somnole, mais quelle Parole inouïe de résurrection lui touche la bouche, le baignant de protection ?

Vers l’avenir immense, il faut quitter l’Antiquité :
l’Odyssée commence à l’infini, puis nous unit.

Mais comment – comme un gant ? – les vieilles pierres se font-elles, de l’abîme vers le haut et du chaos vers le beau, retourner telle une dentelle, d’un invisible mouvement et d’un irrésistible élan ?
De leur obscure chape, nul diable ne s’échappe, et le paradis lentement surgit.

Quelle lumière HOSPITALIÈRE, mais intruse, vient étrangler sous sa mélodie toute maladie et la nuit – sans nous aveugler ?

Derrière les murs où les anges dansent,
l’archange darde son regard intense : le monde fou se fait moins flou.

Lazare et ses sœurs ont à leur tour des paupières
permettant à l’Esprit d’inviter la matière.

A l’intérieur, l’arche de Noé veut sauver, en articulant les créatures à leur divine et fine nature,
les bêtes, les hommes, qui craignaient de crever.

Les cadres s’emboîtent comme les roses s’ordonnent, s’effacent, se superposent en un bouquet : tel un banquet, de glotte légère en grotte étrangère, faisant perler sur les parlers des nuances dans l’oreille tendue qui s’émerveille. Car nos langues offrent une autre clé, nous maintenant bien ancrés, voire encrés, – reliés par une harmonie qui sans bruit sous-tend notre continent, que nulle agonie ne dévie.

Est-ce que l’eau vive du Puits, à force de nous voir descendre au cœur glacé de tant de cendres, peut s’être flétrie comme un fruit ? L’on dirait que les feuilles ruissellent, d’un crissement rafraîchissant, à leur branche ou bien en ribambelle. Le calme coule du soleil qui luit, dont la caustique brûlure nous cuit… Quelle sève étanche à longs traits, d’un air doux, notre soif qui penche ? En elle – reconnaissons-le, puis d’elle renaissons – veillent, vibrent, toutes nos sources : sur les sols exténués, épuisés d’éternuer, voyez leurs souterraines courses parvenir même à relever le tremblant grain de sénevé ! Claire, intime, Bourgogne, pour tes HÔTES gigogne, que les petits trouvent leur place dans le grand, que l’HOSPITALITÉ nous rende heureux et francs !
