
Cités radieuses ou silencieuses, centres construits pour (re)garder, mais atrocement bombardés : il vous faut creuser des clairières jusqu’à la source hospitalière. Ô les puits dans la nuit… De guerre lasse, la paix fait face entre les murs délabrés, toujours prête à célébrer.

La ville intérieure à la ville, son sang battant, son cœur soignant, dut jadis pour rester civile fuir en bloc, mais en ordre, l’ennemi. Le corps médical de Strasbourg s’en remit à « l’intérieur » et quitta les cigognes pour la « terre inconnue » de la Dordogne, ce berceau de Lascaux, qui vit l’homme de Cro-Magnon paraître, où l’accueil aide toujours à renaître.

Au bout de l’exode, voici « le paquebot » : Clairvivre pour revivre au Périgord, si beau que l’hospitalité suscita l’héroïsme. Les larmes séchèrent, tout comme l’égoïsme.

Un grave théâtre de sauveteurs sauvés, d’ombres qui transforment le vieux drame en clarté neuve, représente sur le fil le passé d’un triste exil, mais tend la musique telle une voile qui sait nous orienter sur les étoiles.

Car il n’est pas besoin d’être chez soi pour agir par amour ou par la foi : de l’espérance jaillit et vit la résistance.

Les débris des lambris montrent encore la douce coquille dont la perle sur nos têtes scintille.

Hôpital civil de Strasbourg : plafond de la Salle des fêtes.
Et des mots fraternels viennent nous expliquer comment, par-delà le destin, communiquer.

Les jumelages ont fait l’ouvrage, et de la mort surgit l’essor.

Le dialogue entre thérapies et projets – bref, la synergie – noue des rencontres et des créations :

Clairvivre exerce toujours sa fonction exploratrice et bienfaitrice.

Rappelons-nous qu' »avec les armes de la paix » que Catherine de Sienne recommandait toutes les cités rendues silencieuses doivent redevenir libres, enfin radieuses.

Anne Miguet me prie d’insérer ce nouveau commentaire sous le titre « Silence à vie » : « Merci à Théâme de relayer vers nous cette page de l’histoire alsacienne qui a plus de quatre-vingts années. La guerre actuelle rend contemporaines ces personnes déplacées : jadis et aujourd’hui se croisent. Un lieu dont la vocation est d’accueillir, de recevoir, de prendre soin, de faire à nouveau bruire des vies fragiles qui s’en remettent à lui, un tel lieu est, par la guerre, dès 1940 assigné au silence : une lanterne s’éteint. Il est alors réconfortant de se souvenir qu’elle put se rallumer ailleurs. Que ses attenants à leur tour furent accueillis, reçus, pris en charge, rendus aptes à redevenir rumeur, à reprendre l’inlassable tâche de réparer les Vivants. De Strasbourg en Dordogne, le soin du monde déménage. Tel est le fait d’Histoire. Un Théâtre d’ombres le transfigure, en livre la petite musique : les actuelles âmes en peine de Clairvivre transcendent des difficultés intérieures, sur ce fil délicat font remuer le passé et le renouent au présent. De quoi inspirer des hospitalités renouvelées. »