
exposé au Musée de l’Œuvre Notre-Dame à Strasbourg.
Guerres des bœufs ou bien des gueux, des impostures appelées Martin, des noirs assassins et des tortures…

Quel matin – après des siècles, plus d’un millénaire – saint Martin pourrait-il faire lever sur nos terres ravagées par la haine et la misère ?

avec des illustrations originales d’Odette Ducarre : La vie de S. Martin
76 dessins actuels du frère Louis de Ligugé sur un texte ancien.
Il vint de loin – de Pannonie, donc de Hongrie – pour prendre soin de nos campagnes afin que gagne sur le mal animal le silence pacifique, mais ferme, d’un corps mystique.

le Codex Guta-Sintram comme code de communion.
Saurons-nous accueillir les réfugiés qu’on amasse aux frontières, qui n’ont plus qu’à gémir en se précipitant comme des pierres sur nos refus amers et dans nos flots si clairs ?

Voici qu’entre les bras de notre mère Eglise, à l’instar de pigeons interdits de plongeons, l’innocence pleure, mais l’illusion se brise. Quand les peuples comme des champs de tournesols suffoquant sous le gel, asphyxiés par la brume, aveuglés entre la pénurie et l’enclume, aspirent au soleil pour échapper aux vols, quand rôde la fraude, quand la trahison bouche l’horizon… qu’A LONG TERME LA VUE germe !

Avec-après Martin, partageons nos manteaux : que par nos pauvres interstices fleurisse la charité de la solidarité, prolifèrent les armistices ! Posons des actes forts, de vrais progrès mentaux…

Il faut pour la paix plus que des statues qui décorent nos places et nos rues ! Puissent les fruits du dragon donner des graines de ponts !

Alors l’enfance sauvée nous aide à « commencer à neuf chaque jour », jusqu’à ce que la haine cède en souriant le pas à l’amour.

avoir d’enfant et qui en a eu des centaines » :
Pingouin et Goéland et leurs 500 petits.
Oui cédons, cédons à l’amour – « Cedamus amori » comme le poète -, mais ne cédons pas aux dragons de la guerre. Virgile nous aide par une hiérarchie naturelle et pourtant sacrée en rappelant juste avant son exhortation « Omnia vincit amor » : sur tout l’emporte l’amour, même sur la stérilité. Par l’amour des ponts sont jetés, des manteaux sont coupés en deux, des désordres mentaux sont adoucis, voire évités. Chaque nouveau matin porte l’espoir d’un monde sans guerre. Puisse l’inhospitalière Hongrie se souvenir de la Pannonie de saint Martin. Puisse chaque « pauvre de nous » devenir riche de larmes et de sens. Puisse l’innocence de l’Eglise être recousue dans ses clercs. Puissent les actuels « coutumiers » faire refleurir comme celui de Guta et Sintram cette fonction du prêtre, dont le visage fut sali, par le seul « lavement des pieds » et par l’inlassable service du frère. Que la belle inspiration du passé et de ses barques de livres renouvelle la ville en dissipant les brouillards de nos plaines.