
en reliant les quais des Cigognes et des Pêcheurs.
Sur la rivière vont les canards et les ponts. Cette eau pure poussa les moulins, les étoffes, mais toujours résonnent ses refrains et ses strophes.

Et nous voici près de jardins effervescents comme un matin :

FOLIE’FLORE « Au cœur des fleurs »… avec un moulin de fruits.
tant de fruits mûrissent, et tant de mains fleurissent, que l’invention festive avance, accueille, tisse !

Les anciens ateliers sont ainsi magnifiés.

Passons donc sous les portes végétales, mais fortes, pendant que des ciseaux coulent de neuves eaux.

Témoignons en effet de la reconnaissance au modeste travail des jardiniers dont le labeur intense, invisible, veille aux cités par-delà notre cécité.

Même le manque de feu d’artifice estival est comblé par ces délices, lorsque le public est plongé, par sa danse file à file qui se déroule tranquille, dans la magique obscurité : la merveille de nos cœurs à la fleur s’appareille.

Non loin de là s’ouvre en plein-cintre l’hospitalité d’un grand peintre : son âme semble habiter encore nos rives et nos ondes vives en les faisant palpiter.

Les hautes lices des métiers à tisser et leurs belles parallèles de trame et de chaîne – ne se croisant qu’à l’infini – croisent ici les concourants rayons des moulins à eau, et cette eau ici c’est l’eau de l’Ill. A Mulhouse le moulin donna son nom, et à L’Alsace l’Ill donna le sien. Par tissage et imprimerie un fil relia ces ailes et ces eaux. Notre ville devint textile, on y imprima des tissus, tandis qu’à Strasbourg on imprimait des livres. Utile force des eaux. Mais les mêmes eaux arrosent des jardins, et les motifs floraux qu’on allait, entre autres indiennes ou oiseaux, imprimer à Mulhouse avaient besoin de vivants modèles. Mulhouse cultiva des jardins. Comment n’eût-elle pas aussi accueilli des floralies, ces éphémères chefs-d’oeuvre des jardiniers, eux qui impriment nos pelouses de vivants motifs aux couleurs de l’arc-en-ciel, et tout au long de l’année ? Ainsi les eaux dormantes que franchissent nos passerelles se souviennent des eaux industrieuses que Théâme remontant le fil du temps retrouve pour nous. Paraît à la fin, exposé au musée des beaux-arts, le plus alsacien de nos peintres du 19ème siècle. Il peignit moins de fleurs que de jeunes filles en fleurs, et il les aimait rousses et en cheveux. Les fils, dénoués, devenus chevelure.