
montre une oeuvre de Jean-Jacques Delattre.
Au Marché du canal couvert se mirent toutes sortes de merveilles à dire, dans plusieurs dimensions : c’est toujours l’invention du commerce qui traverse les murs les plus épais vers les baies de la paix. Dans l’ancienne, immense, usine textile tout près, la 3 D joue aux jolis dés l’idée qui s’incarne, prend corps et file.

Dans les hauteurs de la liberté, le travail se transforme en beautés qui remercient, changeant la vie.

La loge apprivoisée, boisée, par le graveur est plus profonde que la paume d’un haveur.

Les toits carillonnent comme jamais, battant des mains longuement sous des jets d’eaux estivales, baptismales, avec une autre cathédrale où l’enfant de la cité se fait tout juste ordonner.

dans l’affectueuse usine désaffectée.
Aux fenêtres intérieures, une cadence meilleure nous emmène à l’horizon, mais toujours à l’unisson.

L’habitat préhistorique nous propose les techniques du lien qui vient construire et pourtant se cacher, conduire non sans nous détacher du monstrueux narcissisme père de tous les fanatismes… Saurons-nous donc un jour traiter avec amour la délicate et délicieuse terre dont nous ne sommes que les locataires ?

Entrons en matinale contemplation pour nous disposer à l’accord dans l’action. A travers l’espace comme en atelier, sachons faire place – à la suite de saint Benoît, le tout premier patron de l’Europe qu’il reste à réveiller – au chant de la grâce : il faut prier et travailler…

Elle court, elle grimpe, quand s’envolent ses guimpes, la joie qui sait monter sur l’air de la bonté.

Sous les arbres, les livres vite attendent que chaque enfant quitte vaillamment l’ennui sécrétant la nuit.

Or voici le crépuscule d’Europe la minuscule.

Alors, une fois encore, Europe fore l’aurore par les signes de l’alphabet, par les nefs voguant à longs traits, assainissant des usines que la justice illumine et rouvrant grand l’atelier où les voix vont se relier.

Ah, ce coup de reins lumineux qui nous permet de grimper, de nous hisser, de tendre vers ces cimes d’où l’ont voit la ville autrement : ses anciens toits d’usine élevés de la servitude ouvrière à la liberté des arts partagés. MOTOCO est le mot de passe, le lieu de passage où la vie reprend souffle et où le seul pouvoir est donné à l’imagination. D’anciennes merceries y deviennent des remerciements. Béni soit ce « pays où l’on remercie », où l' »on ne questionne pas un homme ému », où « bonjour à peine est inconnu » comme chez René Char, parce que seul demeure « bonjour à joie », où les bouches ne sont pas cousues, où les échappées vers le ciel ne cessent de nous repeindre l’âme, tantôt en bleu, tantôt en rouge. ORA ET LABORA dit l’un, I WANT TO BELIEVE dit l’autre, ainsi circulent et s’entremêlent nos traces qui prennent langue – ou nos livres qui prennent le bus, tant selon le vers de mon père poète « le livre naît de l’arbre et du livre naît l’homme »… Cet homme sauvé dans sa ville et qui prie comme on rit.