
ELAGAGE ET PAYSAGE DU HAUT-RHIN (68800 Vieux-Thann).
La féerie des prairies, même en prison, rend l’horizon. Les pensées nuancées veulent s’accrocher à chaque rocher.

vu depuis la ferme-auberge du « Musmiss« .
Pourquoi dès lors éventrer les collines ? Serait-ce pour montrer leurs strates fines ?

Quel pierrier, quel glacier, viennent les asphyxier ?

De la souche qui se couche jaillissent mille surgeons inespérés, en plongeon, écoutant la musique silencieuse et magique au pied de la croix qui lève leur poids. Soudain la porte délie l’eau morte.

Mais quel concert, dans ce désert, sourd et se lève parmi la sève, égrenant des embruns de mystérieux parfums ? Marbach le solitaire éperdument attend des eaux plus claires, de nouveaux temps.

Quel loup, quelle lettre, voudraient s’en remettre à des refrains, des vols « d’oiseaux sauvages« , pour tenter d’échapper à des ravages ?

les douze étoiles de l’Europe la protégeront-elles ?
Le cosmos s’est rincé jusqu’à l’os : un Prince chez nous vint jouer. Il faut le louer de déboucher l’urne sur la paix nocturne :
Je la connais, la source,
elle coule, elle court,
mais c’est de nuit.
Dans la nuit obscure de cette vie,
je la connais la source, par la foi,
mais c’est de nuit.
Je sais qu’il ne peut y avoir de chose plus belle,
que ciel et terre viennent y boire,
mais c’est de nuit.
Je sais que c’est un abîme sans fond
et que nul ne peut la passer à gué,
mais c’est de nuit.
Cette source éternelle est cachée
en ce pain vivant pour nous donner la vie,
mais c’est de nuit.
De là, elle appelle toutes créatures
qui viennent boire de son eau, dans l’ombre,
car c’est de nuit.
Cette source vive de mon désir
en ce pain de vie je la vois,
mais c’est de nuit.

Voici que la cité sans se précipiter revoit dans la lumière la belle montgolfière. Os par os, puisque nous sommes faits de « poussières d’étoiles » qui se démasquent et qui nous dévoilent, le cosmos éMONDe le MONDe jusqu’à ce que la vive propreté, dans nos fenêtres et dans notre être, rejoigne le fond de son propre été. Car il faut une simple graine à la volonté souveraine pour que dans le monde réel coule un amour perpétuel : « Si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera. » (Mt 17, 20).
« L’infiniment grand » et « l’infiniment petit » sont nés pour nous faire passer jusqu’à « l’esprit », et pour que toute « chair » en « charité » se lie par le sacrifice christique à l’autre vie, qui constamment vient, afflue et nous tient.

Les rails mêmes s’offrent parfois des fantaisies et les vieux murs tremblent de chanter ce qui crie, en langage mortel, un amour éternel.

on peut encore lire LAVS DEO, GLOIRE A DIEU.
Voyez le zèbre hors des ténèbres goûter en silence le cosmos qui fait tressaillir en lui chaque os.

Or COSMOS est la PENSEE ou plutôt une poussée qui – dans les moelles depuis le haut – crée, nourrit, guide, entretient, le BEAU. C’est un élan qui nous entraîne, c’est un train calme qui nous mène, à la Cène : la pierre angulaire du temps devient entre nos corps un éternel Aimant. Car l’Origine nous imagine, nous espérant en Son amour tendre – tendu de jour en jour.

de la cathédrale de Strasbourg.