
« Ô mon maître Cervantès ! Inspire-moi des récits, des philosophies, des politiques tendres et riantes, l’essence comique de la morale », s’écrie dans son nouvel ouvrage le jubilant Michel Serres. Et il enchaîne – en libérant comme à son habitude – à propos du pardon aux contours infinis : « Le pardon n’est pas seulement le superlatif du don, comme le parfum est l’essence du fumet ou le parfait la perfection du fait, mais aussi une action transitive, donc le don par excellence… On ne peut donner plus et mieux que par donner. » Du chapitre « Chahuter » à « La vertu du virtuel », ce Pommier manifeste sa fertilité par une fructueuse hilarité contre l’hypocondrie et toute jalousie, contre les vers et les travers, contre notre avarice et ses hideux sévices.

Un autre Michel rend hommage et propose une succession à ce Don des dons qu’est Don Quichotte, mais en passant par Verlaine : Michel Colin expose en ce moment à la galerie strasbourgeoise de l’AIDA. Par sa porte, entrouverte avant le vernissage, passait l’appel d’âme qui desserre nos cages.

Et nous pouvons au galop remonter à la source en découvrant le jeune et pourtant vieux musée Adolf Michaelis : il tressaille de son aura, aux entrailles dessous l’aula du Palais universitaire où la quête ne peut se taire… Il suffit de pourfendeurs courageux pour que la tyrannie fasse long feu.

Dès lors, le tirage au sort inaugure la démocratie toujours proche et future. Car, nous rappelle Michel Serres, « la liberté vient des lois », qui nous rendent obéissants au point de nous changer parfois, par miracle, en humbles inventeurs de dons innovateurs.

Loués soient les DON et les DONNA, les qui chottent et les qui chuchotent à nos oreilles printanières des chansons bien douces. Ainsi passe-t-on en douceur de l’espiègle chahut à la douceur » doucettement douce » des parDONS qu’on s’accorde à soi-même et qu’on accorde aux autres, accordant ainsi les cordes de nos guitares et répandant comme rosée nos dons…C’est ce que font les muses et les artistes dans les galeries et les musées. Alors le monde l’art peut devenir le monde du pardon et chacun se sentir « responsable d’autrui , dût-il y perdre la vie, sans attendre la réciproque, la réciproque c’est son affaire » ( LEVINAS) Mais perdre et donner sa vie, nous devinons que dans cet autre royaume où la douceur a cours, car c’est une des béatitudes, on finit, HEUREUX, par posséder la terre. » Au cœur de l’arbre il y a la graine » chante Greame Alwright et c’est un « ARBRE DE DOUCEUR » ..les prochains pommiers en fleurs de nos vieux vergers…
Merci, Anne, d’avoir partagé les dons du père Michel : jeune comme les fleurs des vieux pommiers qui frissonnent de joie sur nos territoires !