
L’eau pour nos moulins Veut courir sans fin
Changer en tendresse Toute sécheresse.
« On est là », crient les militants du climat : Même épuisé, qui pourrait demeurer las ?
Et voici que la coïncidence
De l’imagination Et de l’admiration
Fait qu’entre mes mains deux livres dansent,
Dans les mêmes tons de charbon de bois, Comme tourbe exhumée par des charrois,
Parmi les mines et les bouses De la plaine autour de Mulhouse.

Mais cette plaine est pleine de hauteurs, De clochers qui vous relèvent le cœur
Par-dessus toute folie, toute guerre : Si, dès lors, la couleur coule dans la terre,
C’est pour réveiller des sources de fraîcheur, Pour moudre la farine des chercheurs…

Non, ces teintes bistre N’ont rien de sinistre :
Entre surréalisme et possession, En audacieuse et vague procession,
Elles devinent et cheminent Jusqu’à la Russie de Pouchkine.

Dans ce noir On croit voir
Et reconnaître Soudain des êtres
Célèbres ou familiers : Mais qui donc pourrait plier
Cette Émilie
Dont on cherche en vain dans ces feuilles l’œuvre, Qui glisse au néant comme une couleuvre,
Que rien ne lie,
Pas même aucune réalité ?
Comme un artiste Ouvrant des pistes,
Bernard Abel la fait exister
Par la seule magie des lignes Qui l’incarnent et la désignent.

Qu’il s’agisse donc d’Émilie Erhard Ou de nous, rare reste le regard,
Toujours entre la révolte Et l’improbable récolte.

Voilà qu’on retrouve étrangement Dans un livre encore plus récent,
Feldkirch, la Russie, Des nuances roussies,
Paroles et destin Jaillissant de dessins.
Mais cette fois l’histoire Est tissée de mémoire.

Marcel GROB A, d’un lob
Léger comme une chiquenaude, Renvoyé la camarde qui rôde.

Ainsi pirouette le sort Sur la neige et la mort,
Lorsque l’amitié fidèle Donne de meilleures ailes
Aux « sapeurs malgré-nous » que les vapeurs Distillées par la haine et par la peur.

En Italie l’arbouse Ne valait pas Mulhouse,
Ses carreaux, Ses cours d’eau…
L’on a poursuivi Marcel la victime Qui fut tour à tour – entre deux abîmes,
Le bolchévique et le nazi – Menacé, protégé, trahi.
Contre le paysan fruste, La paix s’est montrée injuste,
Retournant au monde ancien, Aveugle au peuple alsacien,
Procédurière Et policière.
Mais, 9 ans jour pour jour après son décès (Hanté par les démons qu’il croyait défaits),
Marcel se désaltère, se délivre, Dans les planches et les bulles d’un livre
Nées des yeux dessillés d’un petit-neveu : Son amende honorable accomplit un vœu
Bouleversant pour le jeune homme Qui trop « GROssièrement » se nomme
Et qui n’avait pu dire non Aux chefs de la chair à canon.

Ainsi tournent aux moulins les roues Mulhousiennes qui changent la boue
En canal Musical,
En une aurore De Folie’Flore
Où l’ADN dans notre nuit Mûrit et meut ses fruits sans bruit.

Voyez la mobilité réduite Ou les gestes qui semblent sans suite
Puiser dans les sentiers Plus que l’or des rentiers :
La joie d’avancer ensemble Même quand le souffle tremble,
Comme si les fleurs Effaçaient les pleurs.

De pareilles scènes végétales
Donnent le coup d’envoi D’un accord sans émoi,
Ne pouvant qu’épanouir les pétales
De chaque existence : le mal Se change lentement en val
Pour que des aubes moins veules Actionnent plus fort les meules
Et que le fidèle grain Devienne encore du pain
Dans les villages, De page en âge !

Entre océans Et monts géants,
Il suffit de quelques gouttes en voûte Pour que vole en éclats leur vieille croûte
Et que les étrangers se mettent à ranger,
Au premier plan des armes Luttant contre les larmes,
La distance à même de vaincre le danger.

Ainsi, au sommet du Soulier de satin de Paul Claudel (huitième scène de la troisième Journée, à Mogador dans « une tente sur le sable au bord de l’Océan »), entre la présence subie de son mari Don Camille et l’apparition de Don Rodrigue l’interdit, Doña Prouhèze parle à travers son sommeil au cristallin grain de chapelet que vient de lui rendre le premier et qui semble faire miraculeusement surgir le second du fin fond du Japon :
« Cette larme thésaurisée. Ce diamant inaltérable. Cette perle unique.
L’eau retrouvée.
Cette goutte d’eau que convoitait le Mauvais Riche au bout du doigt de Lazare et qui est de tout le centuple. Cette espérance avec moi. La semence du jour futur.
Sur l’écran au fond de la scène apparaît, d’abord vague, puis plus précise, l’image bleuâtre du Globe terrestre.
Mais ai-je dit que je tenais cette goutte d’eau ? C’est moi qui tiens en elle. »

Theâme comme tu fais bien tourner les moulins de mon cœur natif de Mulhouse. La rouge roue à aubes croise les mains noires d »Emilie dont un Abel recueille la Buée, afin que, buée des buées, tout ne soit pas seulement buée. Malgrè tout, la nuit et le brouillard envahirent la plaine d »Alsace au moment du terrible Gauleiter Walter. C’est ainsi que bien malgré lui, Marcel Grob devint un de ceux qu’on appela les » malgré nous ». Telle fut pour lui la roue du destin, un parmi dix mile Alsaciens enrôlés » malgré eux » et dont se souvient une sculpture sur une place de Wintzenheim. Pourtant à deux générations de là il y a des volontés qui frémissent, des murmures qui veulent s’offrir comme des fleurs et des enfants sains et saufs qui découvrent. Ils nous confient leur devise appuyée sur des lichens et des écorces. » Plante tes idées. Arrose tes rêves. Récolte tes projets. » Alors les moulins de nos cœurs pourront encore tourner.
Ô combien vos mots si bien choisis mettent de l’harmonie dans le voyage de ma vie et permettent cette douce mélodie agitant les ailes de mon âme, faisant ainsi tourbillonner mon cœur au rythme d’ une folle farandole
Je saisis à la volée ces belles découvertes que vous nous livrez , Cadeaux merveilleux piochés de ci de là, offerts généreusement !
A pas de géant, je me laisse transporter du passé au présent et vis versa augmentant mes connaissances.
Vous élargissez le cercle de l ‘amitié en resserrant les liens qui nous unissent et nous rapprochent .