
Parfois, les cliniques nous invitent À mastiquer un JEÛNE insolite.
C’est sûr, un jour la résurrection Aura ce parfum de détection,
De Mozart, de fruits rouges et d’ailes Où l’éternel été se révèle
Au seul diapason De la guérison :
Tout en bas les poulpes Noirs battent leur coulpe
Et laissent le pain Orienter la faim.
Comme si l’anesthésie
-Tel un infernal Styx Relâchant les Phénix–
Débouchait sur la poésie,
En nous quelle JEUNEsse renaît Du mal sous l’impulsion de la paix,
Lorsque l’angélus – qui s’égrène et sonne Pour mieux nous rétablir – de joie rayonne ?
Quand bien même la violence d’un mistral Menacerait de briser le clair cristal
Auquel croyaient ressembler nos familles, La réconciliation couve et scintille.

Il faut se déraciner dans les pleurs Afin qu’au cœur mûrisse la SAVEUR
Qu’on croyait asphyxiée sous cent étages
Sans espoir que les souvenirs Laissent les délices jaillir,
Mais qui refleurit en goût du partage.

Nous assimilons une chair Qui nous fait transfigurer l’air
Non pas en un bateau de plaisance, Mais en quelques barques de présence.

Il faut laisser le vide guider Vers la soif qui peut nous aider
À changer en pauvreté la misère, Et l’ignorant orgueil en mystère.

L’avidité Doit nous quitter
Pour peu que des frères Fraient la voie pour faire
Détaler enfin la cécité Hors de nos prétentieuses cités.

Car la richesse la plus sûre N’est pas dans l’or dont le murmure
Tente de nous noyer : Elle brille au foyer
De la SAVante tendresse Qui réveille la JEUNEsse
Plus à la bénédiction Qu’à l’âcre satisfaction.
En cette Saint-François, se prépare Avec l’utile beauté d’un phare
Une nouvelle édition de LAUDATO SI‘, que le grand Yann Arthus-Bertrand bientôt
Honorera d’une préface et puis d’images… Puisse une frugale SAVeur nous rendre SAges.

Les pays bas peuvent souffrir et jeûner ; mais, les hauts pays de la beauté, aucun poulpe ne peut de ses tentacules les lier et les empêcher de chanter. « La théologie est sérieuse -s’écrie Rimbaud- qui dit que le ciel est en haut et l’enfer en bas. Cauchemar, extase sommeil dans un nid de flammes »… Que « sœur Eau est belle et bleue et chaste et pure » entre ses rives de Strasbourg avec, flottant dedans, nos ondulantes sœurs les herbes. Théologie de la louange et des frères, telle fut celle de frère François, telle est celle de Marion Muller-Colard et de son confrère Gérard Siegwalt. Ici ne sont que sœurs et « sisters », ici ne sont que frères et « brothers ». Des films illustrent cette saveur à goût de mistral ou de Ramen. Oui, tout jeûne ravive le goût des essentielles saveurs. Ne craignons pas une théologie du manque, de l’échec et du handicap. Sainte Barbe peut y planter ses cloches : là on souffre, là on soigne, là on prie, là on ressuscite. Là on affronte la juste mesure de nos jours et parfois notre sœur la mort corporelle.