
« Idylles syriennes » : faut-il prendre à contre-pied, en parcourant cette exposition, (du mercredi au samedi, de 15h à 19h et sur rendez-vous) le titre qu’elle porte et qui nous porte au cœur plus d’un coup ? A commencer par deux bustes sans yeux venus du pays qui vit naître à la fois le premier jet de l’arobase et la nymphe Eur-ope, définitivement, révolutionnairement, baptisée « LARGE-VUE » au bout de son exil, à l’issue de son idylle avec un dieu des cieux …

Faut-il qu’Europe ainsi pleure et laisse pleurer ses petits frères et sœurs ?

Faut-il qu’elle devienne le sanglant reflet de la première Pietà, qui porta sur ses genoux, juste au sud-ouest de ces terres syro-phéniciennes, le cadavre de son Fils ?

Plus près de nous, dans le temps et dans l’espace, les travaux frayant dans les Vosges une voie à longue vitesse ont mis au jour la lourde tête d’un dieu des sommets. Mercure semble ainsi bloqué dans sa course perpétuelle ! Mais ses paupières de pierre nous ouvrent sans tarder à l’intelligence claire de l’urgence : « Vivre, disait Raoul Follereau, c’est aider à vivre ».

Alors s’éteint le mensonge de l’idylle, ce petit récit pittoresque, sentimental et doucereux. Il faut au bout du compte autre chose qu’un conte pour être et rendre heureux ! Laissons la lumière de nos belles années recevoir avec Bob Dylan le prix Nobel de littérature, de courage et de liberté, de poésie et de vie, d’émotions et de voix, de tendresse et jeunesse, de musique et d’envoi. Pourquoi ce silence – alors que l’Esprit souffle et nous guérit – face à la violence ? « The answer, my friend, is blowin’ in the wind … La réponse, mes amis, à travers le vent » … gémit.
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