
Ô page blanche comme les planches du premier bâtiment, ô page qui ne ment jamais, page de l’aube infime et de la fine source intime du tout premier commencement…

Ainsi le livre, par d’humbles amis sans or, sans nom, qui s’arrêtèrent, puis écoutèrent et refusèrent de dire non, se met à vivre d’un pas INAPERÇU, de menues pépites qui pourtant palpitent, d’un souffle inattendu, d’une parole si modeste que près du silence elle reste.

Marc dit que Jésus ne veut pas de témoins, et là il prend la main de la fille allongée, endormie ou bien morte, allez donc deviner, lui dit de s’éveiller, ainsi fit-elle, se leva, alla et vint, mangea et but.
Le rabbi s’en alla, pria qu’on reste muet sur le prodige du jour, Jaïre promit, bien sûr, il aurait tout promis, l’or du monde, le souffle de l’espoir, le doute plein des hommes, la certitude de Dieu. (Page 37 de OR, IL PARLAIT DU SANCTUAIRE DE SON CORPS, par Frédéric Coché, Mathieu Riboulet, Editions Les Inaperçus, 2016.) Portant en germe le rythme haletant et direct déployé par Mathieu Riboulet, cette scène est relatée dans l’Evangile selon Marc au chapitre 5 ; les derniers mots de l’ouvrage ont par ailleurs fourni son titre et renvoient à la Bonne Nouvelle selon Jean, 2, 21.

Ainsi vont les phrases des hommes, guidées par les phases de Dieu, dépassant soustractions et sommes, reliant tous les lieux dans Ses yeux. S’il existe un imaginaire INAPERÇU, rien n’est perdu : c’est pour nous rendre visionnaires, ou plutôt nous mettre en faction et rendre possible l’action.
