
Nous avons appris de ce qu’on appelle la sagesse des nations l’adage SI VIS PACEM, PARA BELLVM ou : « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Mais on peut, et sans doute on doit, inverser cette sentence : SI TU VEUX LA GUERRE, PRÉPARE LA PAIX. Ne te bats que tout bas, contre ton cœur qui se fâche, contre la peur qui rend lâche, contre la stupidité, mais pour la limpidité ! Fais donc que les sirènes d’alarme ne t’étourdissent plus de vacarme ; évite comme Ulysse les chants des Sirènes les plus alléchants !

De même, si tu veux la lumière, prépare un vitrail ouvrant la pierre à la « vibration de l’espace », d’après Pierre-Alain Parot, ses échelles et ses mots : car la grâce est libération pour que « la musique » hisse et communique.

Donc, si tu veux la fraternité, demande au navire d’abriter l’équipage, le voyage, les signes de l’alphabet qui ne seront jamais blets ; regardons Europe NAVIGUANT SANS QUE RIEN LA SUBMERGE, mais pour que tous convergent sous les vents : elle développe son obscur nom de clarté pour que nos crépuscules dans l’aurore basculent. Tout partage du ciel passe par l’essentiel itinéraire où l’on fait face, comme Bernanos, et tout à coup place, sinon au cosmos, du moins à la miséricorde : de nous elle approche et déborde. FLVCTVAT NEC MERGITVR : le latin résiste dur !

Comme Paris après Lutèce et comme Rome après la Grèce, que d’âme la culture sache s’ensemencer ! Qu’au-delà de nos carnages s’éveille notre courage. Est-ce que l’hiver du monde aurait commencé, menant les continents à la dérive obvie ? Non, donnons la vie et non la mort, donnons l’envie qui crée les essors. Gardons le cap de la bonne espérance, tandis qu’un souffle d’océan vient refermer les maux béants et que l’amour écoute le silence qui l’appelle tout près.

SI DONC TU VEUX LA GUERRE, TOURNE-TOI VERS LA PAIX à laquelle aspire la terre : viens y boire à longs traits. Et, SI TU VEUX LA PAIX, reçois le Roi des mondes : lui, dans le secret, guide et surabonde.