
Parfois, notre esprit croit voir s’enchaîner des grâces qui libèrent et lient, mais sans laisser de traces, comme si le hasard s’exerçait à des arts où pour la vie danse l’humble providence… Car, écrit au pied de l’Himalaya Charles Guilhamon – l’un des membres d’un amical tandem parti autour du monde pour un an sur vélos couchés, avec plume et caméra, mais sans le sou – dans Sur les traces des chrétiens oubliés : « Nous prévoyons de lâcher la bride, de nous attacher aux rencontres faites par hasard, par providence. Ce sont elles qui viendront éclairer nos lanternes. » Dès lors, poursuit-il, « nos jambes deviennent nos antennes ».

Tout à coup, au rythme des rires et des courbatures, des découvertes et des aventures, comme chez la petite Thérèse et comme chez le grand Bernanos cité en exergue, « Tout est grâce ». Il suffit d' »apprendre à écouter cette voix qui nous parle lorsque nous lui laissons la parole ».

Ainsi se révèle « l’Eglise de la rencontre. Toujours elle. » D’ailleurs, vous pouvez vous y joindre par le DVD Il était une foi, car il fait toujours… foi dans les jeunes cœurs portés par l’Eglise et sa déconcertante brise. Prête à l’accueil et au dialogue, elle reste hospitalière, dans les hospices familiers qui semblent dater d’hier et qui restent en restructuration constante, par des professeurs et docteurs faisant place à l’audace autant qu’à la raison mûrie par l’oraison, voire à la piété fidèle qui vous donnera des ailes, pour peu que vous désiriez révéler des exemples prêts à renouveler les esprits qui s’ennuient, les lavant de leur suie !

C’est ainsi que la présence du professeur honoraire Georges Hauptmann rayonne à l’institut d’immunologie et d’hématologie où il demeure un guide limpide, où il escorte de porte en porte : il s’agit toujours de mieux connaître et faire circuler à chaque étage les sauvetages, le sang de la vie, le sens de la (re)connaissance jusqu’à la communion, mais d’abord l’intelligence nourrie par la résistance et la science de son maître le professeur Robert Waitz.

C’est aussi le cas d’une autre personnalité aussi admirable que méconnue, le franciscain Meistermann baptisé sous les prénoms de François Joseph et devenu Barnabé d’Alsace, mais à l’insu de ses congénères comme de ceux qui sont pourtant ses héritiers spirituels : le Pr Georges Hauptmann va publier prochainement sa biographie en images, en hommage à ce « chrétien presque oublié »…

C’est le cas enfin d’une héroïne haut-rhinoise qui vient d’illuminer Théâme. Le professeur Hauptmann s’attache, avec d’autres passionnés et chercheurs, à sauver de l’oubli sa vive mémoire pour qu’elle éclaire les générations contemporaines et montantes ; car elle demeure encore dans l’ombre malgré son action de psychiatre et d’humaniste, comme Amie des juifs quoi qu’il dût lui en coûter à partir de 1942, en France, puis à Auschwitz et Ravensbrück : Adélaïde fille du pasteur Haas, devenue Haïdi Hautval, s’opposa de toutes « les eaux claires de [son] être » à la barbarie au pied des cheminées d’horreur : elle aida le retour des survivantes, elle vida les baraques démentes, et publia ses notes de captivité, médicales autant qu’humaines, dès la Libération avant d’entrer à Yad Vashem comme « Juste parmi les nations ».

Surgissant d’une Chanson de Roland aux accents qui résonnent maintenant, « Olivier dans la résistance » planta donc son olivier à Jérusalem non loin de Gethsémani. Sur les traces de la grâce, inutile de vous retourner : laissez-vous seulement ramener à son haleine.

Car elle entraîne plus loin que le destin, aux sources du matin confiées à cette EurOpe aux Larges–Vues qui reste par la Providence mue, après avoir en apparence quitté, sur les ailes des bateaux et de l’alphabet, les cèdres du Liban comme les hauteurs de Jérusalem. Dès lors, des Rameaux noirs telle la mort, tandis que passe sur eux la grâce, écoutent leur sève bruire en accord, bourdonnant de sauvetages et bourgeonnant de courage.
