
« Source d’idées » neuves.
Telle est l’Antiquité pour la Coordination Nationale des Associations d’Enseignants en Langues anciennes. C’est particulièrement vrai lors de ses Journées d’octobre organisées par l’Association Régionale de l’académie de Strasbourg, qui coïncident cette année avec une grande première : ses membres ont en effet pu suivre ensemble, dans le bel hémicycle du Parlement européen signé en 1998 par les architectes M. Robain, R. Tisnado, J.F. Bonne, A. Bretagnolle, R.H. Arnaud, L.M. Fischer, G. Valente, une partie des interventions parlementaires qui se sont déroulées, en application du traité de Lisbonne, avant le vote de confiance au collège formé par la Commission européenne, sous la présidence de M. J.-C. Juncker.

Idées de sources.
Démocratiques et culturelles, antiques et pourtant nouvelles, les sources de l’Europe demeurent entre nous comme un flot d’idées échangées, partagées, mises en forme, puis en œuvre et rafraîchies : elles sont à l’image du mythique personnage dont le nom et les dons sont devenus nôtres, nous pressant de les diffuser et de les incarner pour offrir fidèlement, sans nous lasser, toutes ses chances à la liberté, transformant même en joie de lumière tout poids de matière. Une cité deux fois millénaires comme Strasbourg, ayant désiré l’entente à travers tant de siècles et de guerres, peut voir enfin ses visiteurs ainsi que ses habitants brasser des projets inédits ou repris, dans une passion plus continue que contenue.

« Valeur ajoutée ».
Dès lors, la paix prend une tout autre valeur que celle d’une triviale valeur ajoutée : elle est le cœur de nos élans par-delà nos écœurements. D’ailleurs, les membres de la CNARELA ont pu apprécier en arpentant Strasbourg, ses anneaux de canaux et ses grandes aires que le vert aère, notamment au rythme rayonnant de son fameux Tram, l’atmosphère à la fois intime et cosmopolite de la future Eurométropole. Et voici que tout se passe comme si, en temps utile et voulu, le mot de passe de l’ARELAS offrait tout près un décollage au-delà des portiques de contrôle et d’envol : alors s’ouvre, loin de la bruxellulite, un espace de chaleur et de restauration, où les médias sont rappelés à l’ordre de la vérité et les eurodéputés à leurs responsabilités.
L’on croit entrer dans un autre monde, mais c’est bien le nôtre :
nous sommes les enfants d’Europe en devenant
toujours mieux d’humbles artistes de la paix : suivons sa piste !

Valeur focale.
Les monstres peuvent crever et nos regards se lever : le prix Sakharov vient d’être ici décerné à M. Denis Mukwege, le « docteur Miracle » des Congolaises.
La paix, c’est le noyau dur autant que le joyau pur
qui guérit les peuples de la terre après les coups bestiaux de la guerre.

D’EurOpe l’œil,
qui rassemble moins qu’il tremble,
s’ouvre en accueil.
Dans l’hémicycle, discours et paroles se heurtent, se répondent, caracolent…
Tant de continents voient fumer le sang : quand donc l’âme prendra-t-elle le vent ?

Mais, pour qu’elle respire,
il lui suffit d’un sourire…
De fait, un cadre à côté de ceux qu’on vient d’écouter
– en se demandant OÙ VA L’EURope
quand l’ego rend si misanthrope –
vous attend dans les moires des murs et de l’histoire
pour renaître à l’intérêt général,
pour inventer un accord matinal.
Par nos VALEURs, sans syncopes,
avec son peuple, avec d’antiques héros allumant pour ses bivouacs leurs braseros,
se réveille et VA L’EURope :
au Lieu d’Europe résonnent les mots de Sophocle contre nos gestes faux,
lorsque Philoctète redresse la tête (traduction proposée par Théâme aux vers 1436-1437) :
Ἀλλ᾽ ὡς λέοντε συννόμω φυλάσσετον
οὗτος σὲ καὶ σὺ τόνδ᾽·
« Allez : comme des lions devenus compagnons,
l’un sur l’autre veillez » en ardente quiétude… En filigrane, Europe abat la solitude.
